Ce que Benflis a gagné
Par R. Mahmoudi – A voir la célérité avec laquelle le candidat malheureux à la présidentielle, Ali Benflis, a annoncé son intention de créer un parti politique en pleine désillusion électorale, on sent que l’homme est loin de s’avouer vaincu et qu’il avait tout prévu et calculé à l’avance. C’est, en tout cas, la meilleure réponse qu’un homme politique, «battu» aux élections, puisse donner à ses détracteurs. Un autre point gagné : sa réaction a, tout d’un coup, donné envie à une palette de politiques qu’on croyait à jamais désabusés de se lancer dans des initiatives convergeant toutes vers l’urgence d’un «changement démocratique et pacifique», après la forfaiture du 17 avril. Benflis sait que c’est maintenant ou jamais qu’il peut assurer un ancrage à son projet. Un moment propice pour pouvoir fédérer toutes les forces politiques qui l’ont accompagné durant sa campagne et qui cherchaient désespérément une figure de proue pour les représenter, après le retrait de tous les anciens leaders. Car une fois que la fièvre électorale retombera, il lui sera difficile de mobiliser et de fidéliser autant de monde et de fructifier l’immense capital sympathie qu’il a gagné en moins d’un mois. Son avantage est qu’il part avec une longueur d’avance sur la plupart des partis en lice et que, s’il arrive à maintenir cette dynamique, à la fois populaire et transpartisane autour de son projet de «renouveau national» et de «changement démocratique», il pourra rapidement rivaliser avec les partis au pouvoir, aux prochaines élections locales, et affaiblir même son ancienne formation, le FLN, dont beaucoup de militants s’étaient déjà engagés à ses côtés dès le premier jour. A ce rythme, il peut même trouver bon accueil en Kabylie, où une large base du FFS notamment a été séduite par son discours au ton radical et son esprit d’ouverture. Il lui restera à définir sa vision de l’islamisme politique et sa mouvance extrémiste, aujourd’hui incarnée par les résidus du FIS, et aussi de la nature des réformes à proposer. Maintenant que la campagne est finie et qu’il n’y a plus de raison de surfer sur toutes les sensibilités, Benflis doit se fixer sur des orientations politiques claires et s’assurer une bonne base.
R. M.
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