La tête ailleurs
Par Kamel Moulfi – Le «processus» de révision de la Constitution a été lancé comme un non-événement qui n’intéresse que le pouvoir et sa périphérie. Le reste du public a la tête ailleurs, en fait vers les vraies préoccupations qui concernent la fin de l’année scolaire et universitaire, le Ramadhan et les vacances, avec en perspective une rentrée pleine d’interrogations. Les candidats au baccalauréat et leurs parents se tiennent le ventre face à une session que l’on peut qualifier de «plus risquée» depuis l’indépendance. Les perturbations qui ont déstabilisé le programme au point où le concept nouveau de «seuil» a fait irruption dans le jargon de tous – enseignants, administration, élèves et parents – ont créé un climat qui va, sans doute, encourager la généralisation de la fraude «à ciel ouvert» telle qu’elle s’est produite la session passée. La combine et la débrouillardise ont supplanté l’effort dans quasiment tous les domaines et le secteur de l’éducation nationale est, de l’avis de tous, celui qui en a le plus souffert. La baisse du niveau des candidats, le taux d’échecs réel élevé, la peur des manifestations, ont justifié la création d’un bac politique destiné à maintenir la paix sociale. La session de juin 2014 ne fera pas exception à la règle établie depuis plusieurs années, surtout quand on sait que les épreuves du bac coïncideront avec le début des consultations entre Ahmed Ouyahia et ses partenaires de la classe politique et de la société civile qui auront accepté de s’y associer. Après le bac et dans l’attente des résultats, c’est la Coupe du monde qui éclipsera cette phase de l’élaboration d’un texte aussi fondamental que la Constitution. Gare aux coupures d’électricité pendant la retransmission des matches pour lesquels les Algériens s’apprêtent à payer le prix fort pour la formule qui leur permettra de suivre non seulement les matches de l’Equipe nationale, mais toute la compétition. En plus, la veille du Ramadhan et encore moins les vacances n’ont jamais été un contexte favorable à un quelconque travail. Sauf quand il s’agit de le faire en vase clos. Comme pour la préparation de ce projet de Constitution.
K. M.
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