La Libye et nous
Par R. Mahmoudi – Faut-il s’alarmer de la dramatique évolution de la situation en Libye, où la violence a atteint des pics et risque une nouvelle fois de faire tache d’huile, ou, au contraire, s’en réjouir, au motif que, pour une fois, des hommes ont pris la décision d’en finir avec le diktat des milices dans ce pays voisin ? Dans pareille situation, nous n’avons, en principe, qu’à souhaiter le retour rapide au calme et à la stabilité. Mais doit-on pour autant continuer – au nom de la légalité – à donner crédit à un gouvernement qui a perdu toute légitimité et toute crédibilité dès lors qu’il encourage ouvertement ces milices islamistes, dirigées pour la plupart par des éléments d’Al-Qaïda, pour essayer de stopper l’offensive enclenchée par les dissidents ? Sans trop chercher à comprendre les dessous de cette nouvelle insurrection, ni à savoir, par exemple, qui serait derrière, on sait déjà qui œuvre pour la stabilisation de ce pays livré à lui-même depuis 2011, et qui s’acharne à maintenir un régime de nature milicienne, avec des institutions factices, des frontières perméables à toutes les organisations terroristes de la région et une économie livrée aux pirates. Les capitales qui sont à l’origine du chaos libyen ont devant elles une chance pour se racheter, en disqualifiant d’ores et déjà un nouveau régime qui cautionne le terrorisme. Elles l’ont fait avec l’Irak de Saddam Hussein, la Syrie, et même avec la Libye de Kadhafi. Qu’attendent-elles pour mettre en quarantaine le régime de Tripoli ? L’Algérie et tout le voisinage ont tout intérêt à voir des Libyens responsables et conscients, comme le général Haftar, arriver au pouvoir, même par un coup d’Etat – les Etats-Unis n’ont pas condamné l’application de la loi martiale ce matin en Thaïlande –, si ces derniers peuvent mettre un terme à cette dérive qui dure depuis trois ans. Gageons que la fermeture de l’ambassade d’Algérie à Tripoli, vite suivie par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, sonnera le glas du régime crypto-islamiste actuel et sera le prélude au changement souhaité. Pourvu que cela ne se fasse pas dans un nouveau bain de sang.
R. M.
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