Bidonvilles et politique bidon
Par Kamel Moulfi – «On vous donnera tout !», c’est pratiquement la substance du message électoral lancé par ceux qui ont fait la campagne pour le 4e mandat pour Bouteflika. Les Algériens, les jeunes particulièrement, attendent le pouvoir sur une revendication, pour le moment prioritaire, celle du logement. Ils estiment que c’est «leur» part du gâteau. Pour le reste, par exemple l’emploi qui procure des revenus, ils ont l’air de se «débrouiller» en dehors de l’Etat, grâce à l’informel qui supplée aux carences de la politique officielle. En utilisant cette revendication comme carte politique et en faisant croire aux citoyens qu'il œuvre à leur garantir ce droit, le pouvoir tente d’exploiter – dangereusement, mais en est-il conscient ? – la détresse des Algériens, de plus en plus nombreux à postuler pour un logement «social». En réalité, la cause même de la crise du logement dans le pays réside dans les pratiques du pouvoir. L’acquisition d’un logement est un domaine qui devrait être du ressort exclusif des banques dans le cadre de relations directes avec leurs clients. Or, c'est l'Etat qui bloque tout pour ne pas perdre cet atout électoral ! Entretemps, les Algériens attendent d'être «logés» au lieu de «se loger eux-mêmes» en contractant des crédits auprès de leur établissement financier. L'Etat doit lever la main sur cette autre manne qui sert des intérêts étroits : trafic d'influence, acquisition et revente d'appartements, népotisme, corruption, etc. Personne n’est dupe et les jeunes ne sont pas les derniers à comprendre le manège. La principale raison qui les fait sortir dans la rue, partout, c’est la dénonciation des magouilles qui entourent la «distribution» de logements. Les autorités elles-mêmes ont senti le risque, la preuve : la «distribution» de logements à Alger a été reportée à après le Ramadhan. En attendant, par de multiples artifices, le pouvoir tente vainement de renouer le lien avec une société qui l’a isolé. Pour les jeunes, il faut laisser passer la Coupe du monde et ensuite on verra. A ce moment, l’opposition politique aura peut-être surmonté ses divergences pour se concentrer sur l’essentiel.
K. M.
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