A quel saint se vouer ?
Par Meriem Sassi – L’appel à des rassemblements de dé-jeûneurs ce jeudi et le 5 juillet à Tizi Ouzou, suscite des réactions contradictoires des autorités religieuses. Si Mohamed Aïssa, le ministre des Affaires religieuses, fraîchement nommé, appelle les initiateurs de l’action à la raison, jugeant que le jeûne est une affaire privée, d’autres voix s’élèvent pour jeter l’huile sur le feu et décréter qu’il faut une réponse musclée de l’Etat face à ce genre de comportement. Le nouveau ministre a adopté ainsi un ton apaisé lors de sa première sortie médiatique au forum du journal Liberté, estimant que si «le jeûne est d’ordre privé et ne doit pas se manifester en société, l’inverse est aussi vrai. Il appellera ainsi à la discrétion pour les uns et pour les autres, et au respect des «lois de la République défendant la liberté de conscience». «Nous n’allons pas décréter contre eux de fatwas ni solliciter les forces de l’ordre pour les arrêter !» affirme-t-il en parlant de l’appel aux rassemblements de non-jeûneurs. Une tolérance affichée sans complexe par le ministre des Affaires religieuses qui n’est pas du tout partagée, comme il fallait s’y attendre, par d’autres «oulémas». Ainsi, le cheikh Mohamed Cherif Kaher, président de la commission des fatwas du Haut-Conseil islamique (HCI) estime qu’il ne faut manifester aucun sentiment de compassion envers ceux qui «violent la sacralité du Ramadhan et offensent l’islam, et la patrie des martyrs et des moudjahidine un 5 juillet, date hautement symbolique». Pour le cheikh, les actions menées à Tizi Ouzou sont carrément une violation de la Constitution, qui stipule que «l'islam est la religion de l'Etat» et nécessitant que soient employés tous les moyens répressifs de l’Etat pour les contrer. Des points de vue totalement contradictoires entre deux autorités religieuses qui mettent encore une fois la pratique de la religion musulmane au centre de tiraillements et alimentent l’intégrisme qui a fait tant de mal à notre pays. Les appels à la répression pourfendent clairement les principes de démocratie, de tolérance et de pratique religieuse apaisée et sereine qui ont fait la particularité des Algériens sur des générations. Il faut renouer avec les valeurs réelles de l’islam. Le nouveau ministre a fait un premier pas dans ce sens. Il reste à savoir s’il sera soutenu.
M. S.
Comment (19)
Les commentaires sont fermés.