Cri de détresse
Par Kamel Moulfi – Prompts à agir sur des futilités, les pouvoirs publics, c’est connu, traînent des pieds quand il faut intervenir sur l’essentiel. On en a une nouvelle preuve avec les événements tragiques qui secouent Ghardaïa, une ville jadis paisible et destination touristique par excellence, devenue un endroit à éviter que fuient même ses habitants à cause de l’insécurité provoquée par les affrontements incessants entre les deux communautés qui y vivent. Les Mozabites – et pas eux seuls, ils étaient soutenus par bon nombre d’Algérois, qui ont participé à leur sit-in, hier, devant la maison de la Presse Tahar-Djaout – dénoncent l’inefficacité des autorités face à cette situation qui empire de jour en jour. Les responsables concernés ont beau s’en défendre à coup de déclarations très médiatisées, se voulant rassurantes et annonçant plan sur plan, il n’y a aucune raison de ne pas croire les Mozabites quand ils parlent de passivité de ceux qui sont chargés de garantir la sécurité et la tranquillité de la population. Le message des Mozabites tarde à être entendu. Il exprime pourtant le cri de détresse de tous les enfants de cette région, y compris les Chaâmbis, même si ces derniers sont moins communicatifs, car les vrais coupables des troubles qui empoisonnent la vie des habitants de Ghardaïa sont à chercher chez les salafistes et les trafiquants de tous bords. Si les responsables font la sourde oreille, l’opinion publique, elle, est réceptive, et même impressionnée par les arguments de la société civile mozabite. En parcourant les photos du sit-in devant la Maison de la presse, on remarque que les Mozabites brandissent des slogans pacifistes, ne contenant jamais d'accusations envers qui que ce soit, aucune insinuation séparatiste, raciste ou autre, une attitude qui traduit un patriotisme exemplaire et une sagesse à toute épreuve. Ils n’en sont pas à la première manifestation de rue et celle d’hier confirme le niveau d’organisation et de discipline qui caractérise leurs actions de protestation. Ni dérive langagière ni comportement provocateur, juste la volonté de faire entendre un cri de détresse. Les Mozabites ont convaincu les passants qui ont lu leurs banderoles.
K. M.
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