Ménage à huis clos
Par Kamel Moulfi – Dans la gestion des grandes villes, la transparence et la démocratie participative ne semblent pas les bienvenues. C’est ce que l’on comprend du huis clos imposé aux travaux de la réunion entre une partie du gouvernement, une quinzaine de ministres, et les autorités locales, consacrée aux problèmes de la capitale. Ni les médias ni le mouvement associatif n’étaient présents pour écouter et rapporter à l’opinion publique, et encore moins intervenir dans un débat censé discuter des problèmes vécus par la population. Autrement dit, la société civile est indésirable. C’est évidemment contradictoire avec les déclarations officielles sur la démocratie participative et l’implication du citoyen dans les problèmes qui le touchent directement. Mais les contradictions entre le discours et la réalité sont maintenant monnaie courante et les Algériens, qui ont fini par s’en accoutumer, ne cherchent plus à comprendre. Ils constatent que ce sont ces contradictions qui font que leurs villes, et en premier lieu la capitale, sont mal gérées. Le résultat est visible dans la rue et aux yeux de tous, à travers la saleté envahissante, l’état dégradé de la voirie et l’incivisme qui est devenu une règle de conduite «normale», à croire que la loi «au-dessus de tous» ne sert à rien. La circulation automobile est le cauchemar quotidien des Algérois, les embouteillages sont partout et à toute heure, au point où il est maintenant très difficile de transporter en ambulance une personne qui exige des soins en urgence ; aucune priorité ne lui est accordée. Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, a évoqué, pour la capitale, des décisions urgentes dans tous les domaines et qui seront suivies par d’autres, a-t-il ajouté. Concernent-elles les préoccupations réelles des Algérois, qui sont les mêmes que celles des habitants des autres agglomérations urbaines du pays ? Par exemple, les «mesures urgentes» vont-elles mettre fin au commerce informel qui empoisonne la vie des riverains et qui s’étend aux produits prohibés ou strictement réglementés, comme les feux d’artifice et les fumigènes, avec des risques sur la sécurité des personnes ? La crise profonde qui frappe la gestion de la capitale ne sera pas réglée par des mesures administratives, du genre réorganisation, même si elles sont indispensables au vu des carences constatées. Les élites doivent être impérativement associées pour pallier les insuffisances en ressources humaines des instances locales. Le débat doit être élargi.
K. M.
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