Démagogie
Par Kamel Moulfi – Les opérations de relogement qui ont repris ces jours-ci ont ravivé la colère des familles qui n’ont pas été retenues alors qu’elles vivent dans des habitats précaires, euphémisme pour désigner les bidonvilles qui sont devenus la seule voie pour obtenir un logement social dans notre pays. Selon une procédure suivie par les autorités locales, il s’est avéré que la demande de logement social ne suffit plus à prouver qu’une famille est dans le besoin, il faut prouver qu’elle habite réellement un bidonville ou habitat précaire, d’où la multiplication des baraques en bord de route avec quelques occupants en permanence pour être vus en cas de tournée d’inspection des responsables chargés du recensement des personnes concernées. Cette ficelle découverte après le séisme de Boumerdès en mai 2003 s’est transformée en combine qui a fait ses preuves et a multiplié ses adeptes dans le contexte d’opacité qui préside à la distribution des logements. Les autorités ont beau faire, en recourant aux images diffusées et rediffusées par la télévision, avec la même mise en scène de camions de déménagement et d’intérieurs neufs, pour montrer la joie des bénéficiaires de se trouver enfin dans un cadre de vie, pourtant «normal», mais qui leur paraît exceptionnel, le mécontentement ne baisse pas et la tension demeure toujours grande dans plusieurs quartiers non seulement de la capitale, mais dans les centres urbains de tout le pays. Les annonces de relogement par milliers ne changent rien à la réalité de la crise du logement qui persiste et qui dévoile l’absence de politique sérieuse dans ce domaine. Au contraire, ces annonces qui ont fini par revêtir un caractère démagogique renforcent chez les familles exclues des distributions le sentiment que l’obtention d’un logement social est un droit lié à leur qualité d’Algérien comme les autres. Les informations qui leur parviennent sur la dilapidation du foncier et des espaces verts, en milieu urbain, pour la construction de tours offertes à des privilégiés, ne sont pas faites pour atténuer l’agitation qui secoue les bidonvilles.
K. M.
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