Gare à la stigmatisation !
Par Kamel Moulfi – Le raccourci «Etat islamique» utilisé par les dirigeants et les médias occidentaux pour désigner l’ennemi terroriste est-il vraiment fortuit ? Beaucoup ont saisi que le combat contre le terrorisme doit s’accompagner d’une lutte intransigeante contre l’islamophobie. Les observateurs ont noté que François Hollande, lui-même, a abandonné cette dénomination pour adopter, dans son discours, l’acronyme en arabe Daech. Il a peut-être compris qu’il s’agissait là d’une forme de stigmatisation de l’islam et des musulmans présentés, volontairement ou non, comme sources de terrorisme. Employer les termes d’«Etat islamique» pour parler d’un groupe terroriste est une démarche non seulement maladroite mais dangereuse, dans la mesure où elle contribue à accroître le sentiment d’exclusion dans les catégories les plus vulnérables idéologiquement, au sein des populations musulmanes, où qu’elles soient, y compris dans les pays occidentaux, comme la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou la Belgique, qui abritent de fortes communautés installées depuis plusieurs générations et toujours attachées aux principes de l’islam. C’est à croire que l’on cherche à entretenir un climat de mobilisation et de recrutement de terroristes, alors que plane le danger tant redouté, représenté par le retour prochain de Syrie des djihadistes mercenaires originaires de pays occidentaux. Le sentiment de stigmatisation est renforcé par l’impression de «deux poids, deux mesures» pratiqué par les pays occidentaux quand il s’agit de traiter des crimes commis par Israël. L’Agence internationale de l’énergie vient de rejeter un projet de résolution déposé par 18 pays arabes concernant l’arsenal nucléaire d’Israël qui refuse d'adhérer au Traité de non-prolifération (TNP). Comme il fallait s’y attendre, ce sont les Etats-Unis et les pays occidentaux qui se sont opposés à ce texte, confirmant ainsi leur rôle de protecteurs de l’entité sioniste, pourtant à l’origine des atrocités les plus abominables commises contre la population de Ghaza.
K. M.
Comment (12)
Les commentaires sont fermés.