Le mensonge récompensé
Par Kamel Moulfi – Les journalistes que l’on appelle «correspondants de guerre» ne chôment pas et les plus téméraires d’entre eux, ceux qui sont volontaires pour y aller, savent qui remercier. Ce ne sont pas les «fronts» qui manquent, grâce à la folie meurtrière de groupes terroristes, armés et aidés par certains pays occidentaux, les Etats-Unis à leur tête. Les conflits sont attisés et les efforts de paix contrariés systématiquement par ces pays. «Négociations», «solution pacifique» et les autres termes de ce genre sont bannis de leur vocabulaire qui n’est rempli que de mots terrifiants comme «bombardements», «raids aériens», «interventions terrestres». Pour camoufler toute cette démarche criminelle, motivée, il n’est pas inutile de le rappeler à chaque fois, par des intérêts économiques et soi-disant de géostratégie, le meilleur moyen que ces fauteurs de guerre ont trouvé – et qu’ils utilisent sans retenue pour tromper leurs populations et manifester leur mépris pour l’opinion publique internationale – est la désinformation par le mensonge et la propagande. Pour cette sale besogne, il y a des journalistes qui n’hésitent pas à tordre le cou à la déontologie de leur métier et à l’éthique pour créer le mensonge. Le prix Bayeux vient d’en récompenser quelques-uns. Comble du cynisme dans ce milieu, on veut nous faire croire que cette distinction est réservée aux journalistes qui pour collecter «une information libre, exercent leur métier au péril de leur vie». Où est l’information libre ? Les frappes américaines contre les positions de Daech en Syrie, opérées sans l’autorisation des autorités du pays concerné ni l’aval des instances de l’ONU, ont causé leurs habituels «dégâts collatéraux» en tuant des dizaines de civils, dont des enfants. Les «correspondants de guerre» récompensés par le prix Bayeux se sont-ils intéressés à ces faits pourtant très médiatiques ? Ont-ils écrit quelques lignes ou montré des images ? Rien. La preuve a été établie par une étude du prestigieux MIT que le massacre chimique d'août 2013 n’a pas été perpétré par l’armée syrienne, mais par les groupes terroristes. Des «correspondants de guerre» bien spéciaux avaient lancé, à l’époque, un tapage médiatique contre Bachar Al-Assad parce qu’il fallait fournir à l’opinion publique occidentale le prétexte d’une attaque militaire occidentale contre la Syrie qui n’a, heureusement, pas eu lieu. Un prix de la honte devrait être créé pour ces «fabricants de casus belli».
K. M.
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