La marche bleue
Par M. Aït Amara – Certains confrères ont eu la gâchette facile en qualifiant le mouvement de protestation de la police, hier, de «mutinerie» et d’«acte de désobéissance». En cela, ils ont fait preuve de moins de retenue et de sagesse que les protestataires eux-mêmes. Les agents de la DGSN qui ont marché aussi bien à Ghardaïa qu’à Alger ont fait preuve d’une discipline impeccable qui démontre, s’il en était besoin, que la police algérienne a évolué non seulement en matière d’équipements et de capacités opérationnelles, mais surtout dans son comportement. La marche qui s’est déroulée dans le calme et sans aucun incident est une preuve supplémentaire que le policier algérien est responsable. Obligé de recruter à tour de bras durant la décennie noire, ce corps comptait dans ses rangs un tout-venant d’intellectuels formés dans les différentes universités, d’anciens voyous heureux de porter l’uniforme et une arme, des trafiquants en tout genre, etc. Mais cette politique de «remplissage» et de «saturation» face à des hordes terroristes toujours plus nombreuses, dans les années 1990, a cessé depuis que la lutte antiterroriste a donné ses fruits et que les attentats et les assassinats ont été réduits d’une façon substantielle. La DGSN s’est alors tournée vers la formation et a durci les conditions d’accès à ses différentes écoles. Une politique qui s’est traduite par une amélioration remarquable du niveau général de la police algérienne et des dispositions intellectuelles et morales des officiers et des agents qui la composent. La manifestation des policiers est une prise de conscience qui a été insufflée par les différents mouvements de protestation que ces mêmes agents de l’ordre ont été appelés à réprimer des mois durant depuis janvier 2011 et bien avant. Leur geste, qui n’a rien d’une mutinerie, constitue le signe incontestable d’une advertance arrivée à maturité. En prenant conscience de leurs droits, les policiers ont, dans le même temps, pris conscience de ceux des autres. La conséquence de cette action courageuse et foncièrement démocratique dépend du degré de surdité des autorités politiques.
M. A.-A.
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