Ghoul nous roule
Par M. Aït Amara – Amar Ghoul s’est encore une fois trompé de train. Au lieu de prendre celui de la dignité qui devait le conduire chez le Premier ministre auprès duquel il aurait dû déposer sa démission, il a pris celui de la honte, en allant se justifier sur le site officiel du gouvernement. Envoyé en mission à Vienne par la présidence de la République – non que la mission ait quelque chose à voir avec sa fonction, mais parce que c’était le seul ministre disponible –, le transfuge du MSP et fondateur de TAJ affronte une nouvelle épreuve dans sa longue carrière au sein des hautes sphères de l’Etat, qu’il a atteintes en collant au train de son mentor, le défunt Mahfoud Nahnah. Comme le ministre des Transports excelle dans la redondance et la superfluité, il n’est même pas la peine de se fatiguer à prendre connaissance du contenu de son auto-interview. Amar Ghoul commencera par se déclarer profondément attristé par l’accident du train qui a coûté la vie à une passagère et blessé plusieurs dizaines d’autres, annoncera l’ouverture d’une enquête pour déterminer les causes du déraillement du train Alger-Thénia, promettra des mesures pour qu’une telle catastrophe ne se reproduise plus et chantera que Son Excellence le président Bouteflika a insisté sur la prise en charge psychologique et matérielle des victimes de ce drame. Amar Ghoul est un habitué de la gouvernance par la prosopopée. Quoi qu’il arrive, il recourra toujours au même lexique, aux mêmes expressions figées pour démontrer que si un avion s’écrase ou un train déraille, ce ne peut être que la faute de l’engin ou la volonté de Dieu. Algeriepatriotique mettait en garde, dès la nomination de ce phraseur au ministère des Transports, que ceux qui l’y ont désigné mettaient en péril la vie des Algériens. Depuis lors, Air Algérie a connu une série d’incidents sans précédent dans l’aéronautique civile de l’Algérie, dont le crash d’un avion affrété qui a fait plus de cent morts, des accidents de la route de plus en plus meurtriers et un déraillement de train qui a failli tuer des dizaines de passagers. Cette hécatombe ne suffit pas à Amar Ghoul pour qu’il daigne enfin débarquer du train et annoncer son départ, en présentant ses excuses au peuple pour sa gestion déficiente dans deux secteurs stratégiques, ceux des travaux publics et des transports. Elle ne suffit pas non plus à sa hiérarchie qui a peur que la démission d’un ministre ne mette à nu l’échec d’un régime dont le système de direction est en panne depuis belle lurette.
M. A.-A.
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