Leur misère, notre drame
Par R. Mahmoudi – Début de soulagement pour les milliers de réfugiés subsahariens, livrés à eux-mêmes depuis une année en Algérie : dans certaines villes du pays, les autorités commencent à faire des efforts pour les prendre en charge, enfin. Il a fallu toute une campagne médiatique et des SOS lancés sans cesse par des associations et des citoyens inquiets pour que les institutions daignent enfin réagir. On parle d’instruction «express» venue d’en haut ; autrement, on sait que – c’est le drame de l’Algérie – les autorités subalternes n’ont jamais appris à prendre des initiatives, même à caractère humanitaire. Cela dit, le problème n’est pas encore tout à fait résolu. Car on ne sait pas combien de temps ces «expatriés», disséminés à travers toutes les villes du pays, vont encore rester chez nous et, surtout, si des mesures ont été prises pour arrêter cet afflux vers le territoire algérien. Sur cette question, aucun responsable n’ose rien dire, comme si on cachait quelque chose, ou tout simplement par incompétence. Le ministre de l’Intérieur, dont c’est pourtant la responsabilité, se mure dans un silence qui en dit long sur l’impuissance de son département et ses défaillances dans la gestion d’un dossier aussi sensible, du fait qu’il touche à la sécurité du pays et à sa cohésion sociale. Cela se passe à un moment où le gouvernement – ou du moins le ministre des Affaires étrangères – ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur les multiples périls qui nous guettent le long de nos frontières avec les pays voisins. Le ministre de l’Intérieur doit expliquer aux Algériens par quel biais ces réfugiés maliens, nigériens et syriens se sont introduits en Algérie avec une telle facilité, et répondre à tous les doutes qui pèsent encore sur cette affaire : l’Algérie serait-elle à ce point incapable de surveiller ses frontières ? A-t-elle été «forcée» d’accueillir ces réfugiés de guerre ? Il y va de la crédibilité de l’Etat algérien et de son image.
R. M.
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