Sans voix ni loi
Par R. Mahmoudi – Depuis son arrivée à la tête du ministère de la Communication, l’ex-chargé de la propagande chez Djezzy, Hamid Grine, fait de la «professionnalisation» et de la «moralisation» de la presse écrite son cheval de bataille. C’est à croire que c’est la seule mission dont il est chargé. Pour cela, il a trouvé dans certains titres, parmi les moins professionnels et les moins respectueux de l’éthique et de la déontologie du métier, les meilleurs soutiens. On peut, à la limite, comprendre l’intérêt de ces journaux pour une reconfiguration du paysage médiatique qui leur serait favorable ou pour un nouveau partage de la rente, tel que prescrit dans la «feuille de route» que porte Grine. Mais ce qu’on ne comprend pas, c’est cette focalisation insensée, dans une République, sur un segment, un seul, au détriment de tout le reste du secteur. On a vu les journalistes de l’ENTV s’insurger, récemment, contre la gestion de leur entreprise et dénoncer un «verrouillage» incompréhensible dans un monde globalisé et numérisé, mais le ministre n’a soufflé mot. Tout le monde connaît le poids de la censure et de l’autocensure qui étouffe les Radios nationales et locales, la misère qui frappe les organismes publics qui gèrent le secteur du cinéma et de l’audiovisuel, et le grand esprit d’éthique et d’ouverture qui a prévalu à la mise en place, sous son règne, de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel. Pourquoi seule la presse écrite devrait relever son niveau de professionnalisme ? Alors qu’il est clairement plus facile, pour le ministre, de faire appliquer ses orientations aux gens de la télévision et de la radio et de leur demander d’être «plus audacieux et plus agressifs» dans le traitement de l’information, comme il ne cesse de le demander aux journalistes et éditeurs de la presse écrite. Mais il ne le fait pas. Il n’en parle d’ailleurs jamais. Est-ce parce que le système de verrouillage à l’ENTV et l’ENRS est trop complexe, ou tout simplement parce que ces deux citadelles ne sont pas inscrites sur sa tablette ? Sans doute pour les deux raisons à la fois. Alors, à quand un ministre de la Télévision et de la Radio nationales ?
R. M.
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