D’un populisme à l’autre
Par R. Mahmoudi – L’exhortation du chef de l’Etat pour une «rationalisation» des dépenses publiques, suite à la chute drastique et apparemment inexorable des cours du pétrole, si elle vient contredire les assurances du Premier ministre sur la capacité de l’Algérie à faire face à la situation, n’en est pas moins révélatrice, dans l’apparence du moins, d’une volonté d’accélérer l’avènement du nouvel Exécutif qu’on nous annonce depuis plusieurs semaines. Un nouveau gouvernement pour quelle politique ? Si, a priori, personne n’est contre une politique d’austérité dans la conjoncture économique actuelle, tout le monde en redoute les conséquences directes à tous les niveaux. D’un côté, pour les acteurs sociaux, cette nouvelle orientation présidentielle risque de se traduire bientôt par des coupes budgétaires conséquentes qui pénaliseront les secteurs les plus mal lotis (la santé, la formation, etc.) et se répercuteront indubitablement sur le pouvoir d’achat des Algériens. Ce qui peut encore alimenter dangereusement le brasier social, alors que l’une des raisons d’être d’un gouvernement en Algérie est d’assurer la paix sociale par tous les moyens. D’un autre côté, au lieu de prendre des mesures susceptibles de réduire les dépenses inutiles et de donner l’exemple en annonçant, comme l’ont fait récemment tant de gouvernements dans le monde, des ponctions sur les salaires des plus hauts responsables, à commencer par celui du chef de l’Etat et de ses ministres, le gouvernement ne donne aucune impression, sur le terrain, de vouloir abandonner sa politique populiste, tant que les effets de la crise ne sont pas encore apparents et tant qu’il y a encore de l’argent dans les caisses. Cela prouve concrètement qu’il n’y a aucune volonté de changer dans le court terme et que tous ces appels à serrer la ceinture en prévision des jours difficiles qui nous attendent ne sont qu’une autre forme de populisme.
R. M.
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