L’effet In Salah
Par Kamel Moulfi – Pressés par la contestation anti-gaz de schiste qui agite In Salah, les responsables du ministère de l’Energie et ceux de Sonatrach se sont réveillés et se bousculent sur les plateaux des télévisions et les studios des radios pour tenter de rattraper le retard dans la communication qui s’avère maintenant être un lourd handicap dans la réalisation de leurs projets d’exploitation de cet hydrocarbure non conventionnel. Aidés par des experts plus ou moins qualifiés, ils concentrent leurs arguments tantôt sur des aspects techniques, concernant la fracturation hydraulique, inaccessibles à la masse des Algériens, tantôt sur des données concernant les réserves et les besoins en gaz du pays, qui laissent les gens indifférents, habitués aux discours sur l’Etat providence et qui constatent, dans la vie de tous les jours, des dépenses publiques à tort et à travers. Pis, des ministres s’évertuent à démontrer que la chute des prix du pétrole ne risque pas d’affecter le pays et d’autres responsables ne ratent aucune occasion pour affirmer que l’Algérie a encore du gaz et du pétrole pour longtemps. Pour la première fois, depuis des lustres, des débats contradictoires ont été organisés sur les chaînes publiques de la télévision algérienne. Ils ont fait apparaître le fossé qui existe entre les pouvoirs publics et la société sur la question du gaz de schiste et l’impréparation des cadres de l’Etat à cet exercice. A la question «pourquoi aller vers le gaz de schiste ?», leurs réponses n’ont à aucun moment été convaincantes, tout simplement parce que cette question était inimaginable dans leur esprit façonné par une culture qui ne donne aucune place à la population dans l’élaboration des politiques et des décisions. Dans le schéma de «gouvernance» appliqué dans notre pays, on trouve, «en haut», le pouvoir qui décide, et «en bas» la population qui applique et subit. Depuis In Salah, il y a comme un changement et les ministres et les cadres qui sont sous leurs ordres sont bien obligés de se conformer à l’exigence du débat avant de prendre toute décision qui touche la population.
K. M.
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