Tempête de sable
Par Kamel Moulfi – Le projet de fracturation hydraulique chère à la compagnie américaine Halliburton a fatalement conduit, hier samedi, à des affrontements violents entre gendarmes et jeunes habitants d’In Salah. Les riverains des premiers puits qui ont été forés près de cette ville du Sud algérien ne veulent pas de l’exploitation du gaz de schiste qui est, par ailleurs, l’objet, au moins, d’une vive controverse parmi les experts nationaux. Pour ce qui la concerne, la population algérienne est plutôt solidaire des habitants d’In Salah dont elle comprend les raisons de leur opposition au gaz de schiste. En dehors de membres du gouvernement et des experts qu’il a sollicités, il y a un large mouvement qui ne cesse de demander qu’un vrai débat soit instauré avant de lancer toute activité liée au gaz de schiste, y compris pour procéder à l’évaluation des réserves. Dans ce mouvement qui souhaite le débat démocratique, il y a aussi bien les pro que les anti-gaz de schiste et rien n’empêche a priori que la confrontation des arguments des uns et des autres conduise à la solution qui convienne le mieux aux intérêts de l’Algérie. Naturellement, il s’agit d’accorder une attention particulière à l’avis des riverains des sites envisagés pour commencer, ils sont les premiers touchés d’autant plus qu’ils sont légitimement inquiets devant les impacts de cette activité, plus que tout autre, sur l’environnement et sur la santé humaine. C’est la voie contraire à cette démarche raisonnable qui a été empruntée par le pouvoir sans tenir compte de ce que pensent les riverains. La suite des événements a montré que cette voie mène à l’impasse. D’où l’idée du moratoire pour en sortir. Aujourd’hui, la situation risque de dégénérer à In Salah, avec le cycle violence-répression et son lot de blessés et d’arrestations. A ces manifestations contre l'exploitation du gaz de schiste, qui durent depuis plusieurs mois, s’ajoutent les manifestations plus récentes pour revendiquer le statut de wilaya dans le cadre du nouveau découpage administratif promis par le gouvernement. L’annonce de ce découpage était pourtant censée ramener le calme, mais les premiers intéressés, les habitants d’In Salah, y ont certainement vu une manœuvre du pouvoir alors que dans les autres régions, le projet a été pris au sérieux. Tous ces troubles sont le résultat d’une pratique de gestion politique du pays, centralement et localement, qui exclut les «autres» et plus largement la population, ce qui n’est plus admissible en 2015. Malheureusement, c’est la fuite en avant qui a été choisie par le pouvoir pour tenter d’échapper aux problèmes réels.
K. M.
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