Alger colle les morceaux
Par Kamel Moulfi – L’Algérie s’attelle à recoller les morceaux de la Libye voisine complètement désarticulée après l’intervention occidentale qui a conduit, en 2011, à l’assassinat de son dirigeant Mouammar Kadhafi. La diplomatie algérienne a réussi un coup de maître en réunissant à Alger, autour d'une table, pour la première fois, les représentants de différentes tendances libyennes, responsables de partis et personnalités politiques, avec pour objectif d’arriver à un accord consensuel sur une démarche visant à rendre à leur pays sa stabilité. Ce résultat est la partie visible d’efforts qui ont été menés en grande partie dans la discrétion la plus totale pour aider les belligérants libyens à rapprocher leurs points de vue. L'Algérie reste ainsi attachée à sa position initiale qui consiste à privilégier, depuis le début du conflit en 2011, la solution politique consensuelle à même de préserver l'unité et la cohésion du peuple libyen et l'intégrité de son territoire. L'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Bernardino Leon, a salué cette initiative en qualifiant la rencontre d'Alger de «pas fondamental dans la construction de la paix en Libye». La partie n’est pas facile pour la diplomatie algérienne. La Libye comprend actuellement deux parlements : le Congrès général national (CGN), soutenu par les islamistes, installé à Tripoli, et la Chambre des représentants, plutôt laïque, basée à Tobrouk, dans l'est du pays. Cette rivalité est envenimée par un climat de guerre permanente que se livrent milices et forces armées, et qui crée et renforce les conditions propices aux activités des groupes terroristes et à la circulation des armes qui leur sont destinées, comme l’attestent les découvertes de caches d’armes et d’explosifs au sud-est de la Tunisie près de la frontière avec la Libye. Il y a, toutefois, des petits signes qui incitent à un optimisme, certes encore mesuré. Exemple : hier, cinq Tunisiens enlevés par des inconnus, et qui étaient détenus en Libye depuis trois jours, ont été libérés. Ce fait prouve que la médiation et le dialogue sont possibles et donne des arguments supplémentaires à l’Algérie pour faire valoir la solution politique et négociée dans ce pays voisin.
K. M.
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