Une année blanche
Par Kamel Moulfi – La grosse part budgétaire réservée chaque année par la loi de finances au secteur de l’éducation nationale, confirmée en 2015, ne lui garantit pas la paix sociale ni ne le met à l’abri des tempêtes syndicales. A quelques semaines des examens de fin d'année scolaire, le Cnapeste a décidé de maintenir son mot d’ordre de grève, rejetant les appels à la «patience» lancés par la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit. Dans les termes avec lesquels il est posé, le conflit ne laisse entrevoir aucune solution : le Cnapeste est décidé à continuer la grève «jusqu’à satisfaction de ses revendications» et la ministre considère qu’il s’agit d’une forme de chantage et refuse de s’y soumettre. Heureusement pour elle et pour les élèves, les autres syndicats ont accepté de poursuivre le dialogue et donc renoncé à s’associer à la grève. Mais, en même temps, Mme Benghebrit paraît seule dans cette bataille, comme abandonnée par le gouvernement dont plusieurs membres ont déjà fort à faire avec des mouvements qui touchent leurs secteurs, en premier lieu celui de l’énergie frappé par une contestation inédite contre l’exploration du gaz de schiste dans la région d’In Salah. Entre le risque de fermer les puits de gaz de schiste et celui de l’année blanche dans l’éducation, la priorité du gouvernement est visible à travers sa campagne d’experts en faveur des hydrocarbures non conventionnels. La ministre de l’Education est contrainte de faire avec des solutions de bord pour contourner l’obstacle de la grève. Le recours à l’enseignement à distance se présente de plus en plus comme une alternative à l’école classique à la faveur de l’introduction de l’internet dans les foyers et la généralisation de l’emploi des micro-ordinateurs et des CD et DVD. Le retard dans les programmes provoqué par les grèves à répétition sera-t-il résorbé par ce palliatif ? Les parents d'élèves qui ne cherchent, et c’est légitime, que les intérêts de leurs enfants, n’y croient pas tellement. D’où la ruée vers les cours privés.
K. M.
Comment (21)
Les commentaires sont fermés.