Lampistes et hauts placés
Par Kamel Moulfi – L’opinion publique algérienne a, en ce moment particulièrement, les yeux braqués sur «sa» justice qui est confrontée à des affaires de corruption d’une sensibilité extrême du fait de ses ramifications dans le pouvoir. Quand la rachoua ou la tchipa se limitent à tourner autour des affaires, plus personne ne trouve à redire, ces pratiques sont, comme une fatalité, présentes quasiment dans toutes les démarches et servent à «huiler» la moindre transaction. Mais si les noms qui sont éclaboussés font partie du sérail qui gouverne, c’est autre chose, l’affaire prend une dimension politique et une gravité qui obligent la justice à s’entourer de toutes les précautions. Avec les procès Sonatrach, dans ses volets I et II, et celui de l’autoroute Est-Ouest, l’Etat de droit, c'est-à-dire l’égalité de tous devant la loi, est mis à l’épreuve dans notre pays. Il y a quelque temps, lorsque la presse, motivée alors uniquement par le devoir d’informer, soulevait des affaires de corruption en citant des noms et des sommes, les pouvoirs publics justifiaient leurs échappatoires par l’absence de «dossiers solides». Cette fois, les dossiers, abondamment traités et commentés par les médias, sont pris en mains par la justice elle-même et les procès sont publics. Cela ne signifie pas que les pressions ont disparu, mais une plus grande transparence permet de les dénoncer, ce qui rend difficiles les interférences extérieures sur le travail des juges. La partie ne sera pas aisée pour autant. On en a eu la démonstration lors du premier jour du procès de Sonatrach I. Tout le monde trouve anormal que dans la salle du tribunal on ne voie pas les principales personnes citées comme témoins ou fortement impliquées dans ce dossier. Ont-elles un statut spécial ? Non, elles ne bénéficient d’aucune immunité. Rien ne justifie l’absence du trio Chakib Khelil- Réda Hemche-Farid Bedjaoui au tribunal pour répondre aux questions du juge. Certes, les «lampistes» méritent d’être sanctionnés, mais c’est d’abord les hauts placés qui doivent payer, parce que leur responsabilité est entière.
K. M.
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