Elle a compris
Par Kamel Moulfi – La peur au ventre, les élèves des classes d’examen touchés par la grève, et leurs parents aussi, avaient fini par se résigner à l’année blanche devant un arrêt des cours qui paraissait interminable. Et contre toute attente, la ministre de l’Education, Nouria Benghebrit, réussit à renverser la vapeur pour ramener son secteur à la «normalité». Avec une seule arme, bien employée : la communication. Il y a aussi sa pugnacité et son stoïcisme qui ont fini par payer. Mais c’est surtout dans la communication que Nouria Benghebrit a excellé. Raillée, dès sa prise de fonction comme ministre, pour son parler insuffisant en langue arabe, et injustement attaquée sur d’autres aspects «identitaires», deux éléments d’une sensibilité extrême dans le secteur de l’éducation, la ministre ne s’est pas laissé intimider et n’a, à aucun moment, hésité à affronter les médias. Au moment de l’épreuve de force avec les syndicats et particulièrement le Cnapeste, elle a compris qu'il fallait qu'elle passe à l'offensive médiatique, quitte à se répéter, pour éviter le scénario «gaz de schiste» où la mauvaise communication a conduit à un mouvement de protestation qui s'étire à n'en plus finir. Ses propos semblant être mal interprétés ou déformés à chaque fois, la ministre de l’Education a désormais planté sa tente dans les rédactions d'où elle ne décampe plus. Résultat : elle a fini par convaincre les syndicats de reprendre le travail en annihilant les interférences et les court-circuitages. Rompue à l’exercice de communication par de très longues années de pratique professionnelle dans le monde de la recherche en sciences sociales, sans aucun doute démocrate convaincue, Nouria Benghebrit a pris appui sur un argumentaire fondé sur le vrai, et non pas, comme dans d’autres cas, sur la position d’autorité teintée par un mépris que cachent mal les propos démagogiques chez d’autres ministres confrontés à des situations similaires, comme celle de l’exploration du gaz de schiste par exemple où ils ont cru que le ton péremptoire ferait mieux passer le mensonge. Enseignants et élèves n’ont maintenant pour seul souci que de bien préparer les épreuves de fin d’année, pendant que les promoteurs de l’exploitation du gaz de schiste persistent à chercher une issue dans l’impasse qu’ils se sont créée.
K. M.
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