Pauvres journalistes
Par Kamel Moulfi – Que de fois avons-nous entendu des ministres faire cet aveu, quand les arguments leur manquent : «Nous ne savons pas communiquer…» Evidemment, ils parlent pour leurs subordonnés chargés d’aller affronter localement les populations quand la situation se corse. Les ministres, eux, savent communiquer, bien entendu, et s’il arrive que personne ne les comprenne, il y a toujours les journalistes pour endosser la responsabilité de ce hiatus entre les «administrés» et les autorités. «Ils» ont mal rapporté ce qui a été dit. Car les habitudes sont terriblement enracinées, même après la Constitution de février 1989 qui a libéré la presse, le journaliste est toujours vu comme un individu qui a pour fonction de transmettre le message «vertueux» du gouvernement et des responsables à tous les niveaux, vers la population. En retour, si le journaliste remplit une fonction d’alerte sur n’importe quel sujet de préoccupation de la population, il n’est pas en droit d’attendre d’être écouté par les responsables et encore moins pris en considération. La mise en vente de la vignette automobile 2015 est une illustration de la façon dont les pouvoirs publics communiquent. On sait que l’information est un élément constitutif du service public. Dans ce cas, l’automobiliste appelé à s’acquitter de cette obligation a eu droit à une information tronquée qui lui est subitement tombée dessus. Il n’a que la fin de la période «légale» fixée pour acheter la vignette. A partir de quelle date peut-il se présenter au guichet pour le faire ? «Ce n’est pas important.» Pourtant, on apprend que la vignette automobile rapporte annuellement plus de 8 milliards de dinars, sans inclure les recettes engendrées par les pénalités de retard. Mais l’exemple parfait de la mauvaise communication reste de très loin celui de l’affaire de l’exploration du gaz de schiste qui mobilise aujourd’hui encore les habitants d’In Salah. Comment a réagi le ministère de l’Energie, premier concerné ? A-t-il engagé un programme de formation pour ses cadres afin de combler leurs lacunes en la matière ?
K. M.
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