Soyons sérieux !
Par Kamel Moulfi – Si le critère de la violence récurrente dans les stades était pris en compte, l’Algérie n’aurait aucune chance aujourd’hui, face au Gabon et au Ghana, d’être choisie comme pays organisateur de la CAN-2017. La presse – pas seulement la presse sportive – relate l’incident survenu hier à Bouira : une répétition du geste qui a coûté la vie à l’ancien attaquant de la JSK, le Camerounais Albert Ebossé, a failli réserver le même sort au gardien international de la même équipe, Azzedine Doukha. Par chance, le pire a été évité, mais la similitude entre les deux faits, par ailleurs suspecte, prouve que la violence a tendance à devenir une «constante» qui colle aux stades, d’autant plus que, même si elle ne peut jamais être valablement justifiée, elle était, cette fois, absolument gratuite, puisque le match amical entre la JSK et l’équipe locale de Bouira était sans enjeu, uniquement destiné à faire plaisir aux spectateurs et aux supporters des deux équipes. La présence impressionnante des forces de police autour et dans les stades à l’occasion de matches où se jouent la première place ou la «descente», et particulièrement dans les derbys, n’est pas la solution. Au contraire, elle accrédite l’idée que l’on peut «faire avec» et continuer ainsi. Seulement, la violence peut surgir là où on ne l’attend pas, dans un match amical, comme à Bouira. Les médias audiovisuels, y compris publics, contribuent, inconsciemment, à développer une véritable culture du fanatisme chez les supporters en encourageant la diffusion de clips dont les paroles visiblement incontrôlées déchaînent les passions et jettent de l’huile sur le feu. En fait, par-delà la rencontre de football, il se pose la lancinante question de la sécurité dans nos stades, mais aussi dans notre vie de tous les jours, que certains veulent combattre par des slogans creux et des discours soporifiques aux antipodes de la situation grave qui risque de dégénérer un jour ou l’autre. L'exemple égyptien n'est pas loin (deux tueries dans deux stades, dont une avait fait près de 100 morts au Caire). Les solutions doivent être envisagées sans la démagogie habituelle servie par les images de propagande surréaliste de familles qui assistent à un match de football dans une ambiance festive, sur la base d’un scénario monté dans des bureaux. Exemple : la campagne initiée par le ministre de la Communication, qui se voulait durable et qui a été abandonnée face à la dure réalité concrète. Soyons sérieux !
K. M.
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