Crimes et châtiments
Par R. Mahmoudi – Le niveau d’insécurité a atteint des pics dans le pays. Les Algériens sont tétanisés par le flot d’informations faisant état d’un déchaînement de violence sans précédent qui, par moments, prend la forme d’explosion sociale (lycée incendié par des élèves à Baraki, bagarres entre bandes de quartier qui se généralisent, hooliganisme). Cette violence sous toutes ses formes, y compris verbale, qui se nourrit de l’absence de l’Etat, avec la multiplication des actes d’agression et des crimes crapuleux qui touchent les catégories les plus diverses (enfants, personnes âgées, ressortissants étrangers), menace aujourd’hui la société dans son intégrité physique et morale et risque de déboucher sur des phénomènes autrement plus dangereux et incontrôlables si rien n’est fait pour les endiguer. L’affaire du jeune Ramzi et l’assassinat de l’épouse d’un notable à Béjaïa, une septuagénaire, sont symptomatiques de l’état de délitement moral d’une société livrée à son sort et jetée à nouveau dans les bras des faux dévots religieux. Faut-il que l’Etat et la justice se montrent plus implacables dans le traitement des auteurs de crimes, en appliquant des châtiments exemplaires, comme le réclame la vox populisous l'emprise du choc provoqué par des crimes odieux perpétrés par des mutants qui ne méritent, en effet, aucune pitié ? Mais n’est-ce pas déjà trop tard ? Faut-il penser à un traitement plus «politique» de ces violences urbaines, du fait qu’elles sont, en partie, le résultat des échecs des politiques d’intégration sociale et du système éducatif ? Oui, mais le pouvoir actuel a-t-il la volonté – on ne parle pas de la légitimité – pour assurer une paix sociale durable, autrement que par les mesures populistes sans avenir ? Quand on voit que le pouvoir est incapable de préserver sa propre cohésion interne, on ne peut rien espérer de lui. Au contraire, on redoute le pire.
R. M.
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