Pourquoi tout ce cinéma ?
Par Kamel Moulfi – Le pays tout entier s'interroge sur la cause et sur le but du quatrième mandat, du remaniement ministériel, du re-remaniement ministériel, du défilé des chefs d'Etat africains à Alger, de la visite-éclair de François Hollande hier, de…, de… A toutes ces questions, jamais de réponse. Alors, s'impose cette autre question subsidiaire : pourquoi ? La prétendue habile préparation de transfert du pouvoir, pour faciliter la succession, apparaît comme une fiction et n’explique plus rien dans le paysage politique. La lettre adressée par le chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la Défense au secrétaire général du parti FLN, a produit une tempête dans un verre d’eau, alors qu’elle constitue un acte politique de premier plan qui veut imprimer à la relation entre l’ex-parti unique et l’armée un caractère de facteur déterminant dans l’évolution des événements internes au pays. Et surtout, le faire savoir aux Algériens. En récupérant le Premier ministre et nombre de membres du gouvernement et de hauts fonctionnaires, le FLN cherche à confirmer sa fonction retrouvée de parti du pouvoir. Pour le reste, en dehors d’une sorte de valse qui fait bouger les titulaires des postes au sein du gouvernement et dans les grandes entreprises, c’est toujours le statu quo commode au pouvoir, et que l’opposition n’arrive pas à faire bouger faute d’une mise en mouvement de la société. Les procès Khalifa et autres, ont été transformés en faits divers et n’amusent plus la galerie. Tout le monde a vite compris qu’ils ne seraient pas à la hauteur des attentes, c'est-à-dire donner la preuve qu’il y a une véritable lutte contre la corruption en Algérie. Les gros bonnets qui échappent au filet continuent de narguer le pays et aucun indice sérieux ne laisse penser qu’ils se sentent inquiétés. Cette impression alimente la course aux avantages matériels que peut encore offrir le pouvoir. La masse des gens est suspendue aux annonces des ministres chargés d’en assurer la distribution, en particulier Tebboune qui, avec son feuilleton AADL, en est l’élément le plus représentatif. En plus, le contexte chaotique créé dans la région par les «printemps arabes» renforce l’immobilisme et raffermit le statu quo qui paraît, aux yeux des Algériens, qui ont vécu les affres de la décennie noire, mille fois préférable au changement. Alors, pourquoi tout ce cinéma développé par le pouvoir ?
K. M.
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