Boulitisme(*)
Par Meriem Sassi – Le wali de Batna a enfin décidé de sévir suite aux cas de botulisme qui ont coûté la vie à deux enfants, il y a quelques jours. Il a donc ordonné la fermeture de tous les commerces ayant vendu des produits infectés par la bactérie responsable du botulisme ayant causé ce énième drame sanitaire, et le lancement d’une opération de contrôle des marchés informels. Pourtant, ces espaces anarchiques de vente à ciel ouvert sont censés être concernés par des opérations d’éradication depuis des années déjà, pour enfin réglementer le commerce et éviter toute sorte de trafics et d’atteintes à l’hygiène et à la santé des citoyens. Des slogans à maintes fois répétés et qui, dans la réalité, sont des slogans creux, assortis tout au plus d’une chasse aux petits vendeurs ambulants. Pendant ce temps, les tenants de ce commerce parallèle florissant tirent les ficelles en toute impunité et au vu et au su des services de l’Etat qui regardent impuissants des milliards s’échanger au noir, contre toute logique commerciale et au mépris des lois de la République. Les drames comme ceux de Batna se multiplient et les innocentes victimes sont déplorées et seuls quelques cas sont médiatisés. Or, souvent, des intoxications et autres malaises se déclarent au sein de la population sans que la raison en soit détectée avec précision. En cause, ces marchés qui bravent la loi et engendrent de graves nuisances en gênant la circulation, en provoquant le vacarme et le désordre, en laissant derrière eux des amas d'immondices transformant ainsi nos villes en décharges à ciel ouvert, et en mettant en danger la vie des citoyens à qui ils vendent des produits soit périmés, soit exposés à l'air libre et au soleil, soit ne portant pas d'étiquetage permettant leur traçabilité. L'Etat a failli et la première responsabilité dans les décès dus au botulisme lui incombent directement. Ce n’ est pas en prenant des mesures de circonstance après le drame qui a endeuillé des familles en plein mois sacré du Ramadhan qu’il rétablira sa crédibilité.
M. S.
(*) Contraction de «boulitique» («politique politicienne» dans la langue familière algérienne) et botulisme
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