Chut, ils braquent !
Par Kamel Moulfi – Le spectre du terrorisme a encore une fois plané sur Paris mais les médias français ont décidé de ne pas gâcher les vacances des juillettistes en mettant sous l’éteignoir l’information sur ce qui a été présenté comme le «braquage», ce matin, d’une boutique Primark du centre commercial Qwartz de Villeneuve-la-Garenne en Hauts-de-Seine. Parmi les journaux qui ont donné l’information sur leurs sites, Le Figaro n’a pu éviter d’exclure la piste terroriste tout en parlant de malfaiteurs. Les chaînes françaises de télévision qui diffusent l’information en continu, habituellement promptes, sur de tels faits, à envoyer des équipes pour prendre images et témoignages et balancer tout cela en direct à leurs téléspectateurs, regardent ailleurs et leurs journalistes papotent sur les négociations entre l’Union européenne et la Grèce au sommet de Bruxelles. Dans l’espace de l’écran réservé au fil d’informations en continu, ce sont les actes terroristes en Syrie, en Afghanistan et en Irak qui défilent, et furtivement glissé, Villeneuve-la-Garenne, à peine lisible. L’accord entre l’UE et la Grèce sert visiblement de prétexte pour une avalanche de commentaires et de directs qui masque totalement ce qui se passe dans la banlieue ouest de Paris où, pourtant, la situation était assez grave pour justifier que la circulation ait été coupée dans le quartier autour du centre commercial Qwartz et que les grilles des magasins aient été baissées et surtout le déplacement des policiers d'élite du Raid qui ont été envoyés sur les lieux. Dernièrement, un classement du risque terroriste établi par le ministère britannique des Affaires étrangères a placé cette menace sur la France au niveau maximum, «comme la Tunisie, le Pakistan ou même la Somalie», ont noté les commentateurs, ce qui est parfaitement crédible à la lumière de la mise en garde de Manuel Valls lui-même contre une menace terroriste qualifiée de majeure et durable. Dans le traitement de l’information sur ce qui se passe à Villeneuve-la-Garenne, il y a sans aucun doute la volonté du pouvoir de ne pas aggraver le traumatisme créé dans la population par la multiplication des actes terroristes en France. Certes, il ne faut pas faire de publicité aux criminels comme ce fut le cas avec les couvertures spectacles des attentats de Paris en janvier dernier, mais en même temps, il ne faut pas endormir la vigilance de la population par un black-out sur l’information dans ce domaine.
K. M.
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