Le nouvel axe Ryad-Tel-Aviv
Par Kamel Moulfi – Le grand événement que constitue la signature à Vienne de l'accord sur le programme nucléaire iranien, a été qualifié d’historique – il le mérite à bien des égards – et salué par le monde entier comme un acte exceptionnel de paix. Sauf par Israël et l’Arabie Saoudite. Une coïncidence ? Une conjonction d'intérêts ? En tout cas, leur position commune et unie contre cet accord confirme que l'entité sioniste et le régime wahhabite, en apparence ennemis jurés, sont en fait de mèche. L'Iran, affaibli par le blocus et les sanctions, était déjà vu comme le principal danger aussi bien par l’Arabie Saoudite et les autres pays du Golfe, que par l’Etat hébreu. Bientôt, l’économie iranienne connaîtra une croissance plus forte, grâce aux apports nouveaux générés par l’amélioration de ses relations extérieures et de sa position sur le marché pétrolier notamment. Cette perspective, à elle seule, sème la panique à Ryad et à Tel-Aviv. On comprend parfaitement Israël qui considère l’Iran comme une menace depuis la chute du Shah en 1979 et la décision de ce pays de fermer l’ambassade d’Israël à Téhéran et de la remplacer par la première ambassade de Palestine au monde. Les dirigeants iraniens n’ont jamais caché leur volonté de soutenir le combat contre l’entité sioniste et n’ont pas cessé de le faire sur le terrain par l’aide massive qu’ils fournissent aux mouvements de résistance en Palestine occupée et au Liban. Quant à l’Arabie Saoudite, c’est son statut de serviteur soumis excessivement aux intérêts occidentaux – Israël compris – dans la région, qui lui dicte sa position d’hostilité à l’Iran, vu comme principal obstacle à ces intérêts. De plus, la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient, facilitées par l’accord, ne sont pas bien vues par Israël et l’Arabie Saoudite qui sont plutôt des instruments de tension et de guerre. Et c’est d’autant plus inquiétant pour eux qu’il s’agit du second accord, après Cuba, signé par leurs protecteurs, les Etats-Unis, avec un pays classé sur «l’axe du mal». Certes, pour les partisans de la paix, rien n’est encore définitivement gagné, les fauteurs de guerre au sein de l’administration américaine peuvent renverser le cours des choses. Mais cet accord avec l’Iran a au moins eu le mérite de dévoiler la convergence des intérêts entre Israël et l’Arabie Saoudite.
K. M.
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