A quoi joue Erdogan ?
Par R. Mahmoudi – Washington et Ankara ont franchi un pas dangereux, hier, en décrétant une zone tampon au nord de la Syrie, dont ils confient le contrôle à leur milice dite «Armée syrienne libre» qu’ils avaient aidée à se constituer au début des événements dans ce pays, il y a trois ans. Cela se passe au moment où la Turquie croise le fer avec la rébellion kurde. Non seulement cette décision est une violation flagrante du droit international, puisqu’elle a été prise sans l’aval des Nations unies ni du pays concerné, la Syrie, mais plus grave encore, cela va davantage encourager les groupes terroristes à continuer leur avancée. A moins que ce soit le véritable objectif des coalisés. Après avoir été longtemps nourrie et dopée par les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et la Turquie, notamment, cette organisation tentaculaire dite «Etat islamique en Irak et en Syrie» est en train de se retourner contre ses promoteurs. Attentat par-ci, incursion par-là, le mouvement terroriste Daech ne reconnaît plus aucun maître sur les territoires poreux qui s’offrent à lui. C’est une constante dans sa logique de guerre : là où il y a un Etat failli, il s’empare des frontières pour, d’abord, les effacer et y ériger, ensuite, une zone de non-droit qui deviendra bientôt un «émirat». C’est ainsi qu’il avait commencé aux frontières irako-syriennes et s’affaire aujourd’hui en Libye, autre pays en voie de décomposition, à instaurer son «émirat». C’est pourquoi la surveillance de nos frontières est et sud-est revêt une importance extrêmement vitale. Le projet de partition du Sud libyen, qu’on évoque avec instance depuis quelques jours, entre les deux tribus qui se font la guerre – les Toubous et les Touareg – peut cacher un plan bien plus dangereux qui, sous couvert d’une pseudo-zone de sécurité, accélérera l’avènement d’un empire islamiste dans cette région.
R. M.
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