La mauvaise herbe
Par Houari Achouri – Pour prouver au citoyen que l’Etat existe, la ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication semble avoir trouvé la bonne formule : effectuer des visites inopinées dans les bureaux de poste, constater la mauvaise qualité du service public et les dysfonctionnements qui, en fait, sautent aux yeux, et sanctionner sur le champ les responsables de cette situation, au vu et au su de tout le monde pour que la médiatisation de son action soit assurée. L’exemple est donné, il reste aux autres ministres à imiter Houda Imane Feraoun, et à se mettre aux visites-surprises non annoncées pour surprendre les employés indélicats, indisciplinés, qui fuient le travail pour lequel ils sont payés. Mais ils sont, ce n’est pas rare malheureusement, couverts par celui qui les a fait recruter selon la logique des réseaux clientélistes, pour être un des maillons de cette chaîne d’innombrables fonctionnaires et employés qui sont là non pas pour servir le citoyen, dont c’est le droit, mais pour «rendre service» à la demande des «parrains» de la filière. En contrepartie de quoi ? Cela dépend, mais tout ce beau monde trouve satisfaction dans ce système, et tant pis pour le laissé-pour-compte qui n’est dans aucun réseau ni filière clientélistes. Dans cette catégorie de personnel, les employés et fonctionnaires sont intouchables tant qu’ils obéissent aux ordres de leurs vrais maîtres, qui ne font pas forcément partie de leur hiérarchie. Alors, ils peuvent déserter leur poste, quitter le lieu de travail, prendre un café et faire un brin de causette qui dure le temps qu’ils veulent, pendant que le citoyen attend. A défaut de transparence dans le fonctionnement des services publics, notamment grâce à un dispositif d’information et de communication vers le public, les «visites inopinées de ministres» sur le terrain semblent la seule méthode efficace pour enlever la mauvaise herbe. A condition de veiller à ne pas tomber dans l’arbitraire et faire le jeu des règlements de comptes. D’où la nécessité que les mécanismes prévus à cet effet fonctionnent comme il le faut.
H. A.
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