Sortir du coma
Par Meriem Sassi – Le manque d’anticipation et de clairvoyance du gouvernement se confirme de jour en jour face à la dégringolade sans fin du prix du pétrole qui s’installe durablement sous les cinquante dollars le baril. Une crise qui aurait pu être prévue et préparée, au vu de la manne financière engrangée durant de nombreuses années grâce à un baril fort et des recettes florissantes. Pourtant, il n’en a rien été. Hormis quelques dépenses pour les infrastructures, entourées en plus de scandales financiers – ayant coûté parfois dix fois plus que les montants réels des projets inscrits aux plans quinquennaux –, le gouvernement se complaisait dans un discours fanfaronnant. Telle la cigale lors des beaux jours, il semblait oublier que le prix du baril pouvait flancher aussi vite qu’il avait grimpé au sommet des cotations londoniennes. L’histoire du pays est pourtant jalonnée d’épisodes économiques et sociaux difficiles et douloureux dus à la chute des prix du pétrole, ce qui aurait dû pousser l’Exécutif à anticiper et à consulter ses experts économiques pour bâtir une réelle croissance hors hydrocarbures. Il aurait fallu imaginer des scénarios sur le long terme pour anticiper et se préparer à faire face à une crise similaire à celle des années quatre-vingt qui a tant coûté au pays. Le pouvoir grisé par les ressources colossales tirées en quelques années du pétrole était plongé dans un coma profond. S’attribuant les mérites de ressources tirées de la rente pétrolière, le gouvernement a cru que le pays était prémuni contre les dangers économiques, mais aussi contre la déstabilisation qui touchait, les uns après les autres, nombre de pays arabes. En effet, même les épisodes de ce qu’on appelle «le printemps arabe» n’ont pas poussé le gouvernement à prendre les précautions nécessaires pour consolider son économie et entamer une réelle démocratisation du pays pour permettre à tous les patriotes d’apporter leur contribution et protéger le pays de desseins externes inavouables. Malheureusement, aucune initiative n’a été prise et, aujourd’hui, le danger est plus que jamais à nos portes. Il est à craindre que ce ne soit déjà trop tard…
M. S.
Comment (18)
Les commentaires sont fermés.