Le test
Par Kamel Moulfi – Les journalistes et les observateurs perspicaces qui suivent la table ronde organisée par le Conseil national économique et social (Cnes), concernant les enjeux de l'économie algérienne face à la situation actuelle du marché pétrolier international, et animée par des experts nationaux et étrangers, en présence du Premier ministre et de membres du gouvernement, ont eu, certainement, tout le loisir de vérifier si les bonnes résolutions de prévention anti-crise économique décidées par les autorités sont appliquées ou s’il s’agit, comme cela a toujours été le cas, d’une simple «com» à usage interne. C’est le chapitre «rationaliser les dépenses publiques» qui est sous les projecteurs. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l’a encore rappelé ce matin, c’est la baisse brutale des cours des hydrocarbures avec son impact les ressources de notre pays (33 à 35 milliards de dollars en moins sur l'ensemble de l'année 2015) qui dicte cette austérité non dite, déguisée sous la formule de «rationalisation». Et la situation risque de durer, comme l’a souligné Sellal qui a prohibé les agendas et calendriers commandés sur le budget des entreprises publiques ou des administrations centrales, avec l’argent de l’Etat, c'est-à-dire le contribuable, remis par dizaines aux partenaires et aussi aux amis finissent le plus souvent à la poubelle sans servir à rien d’utile. Les autres cadeaux de prestige offerts à un cercle plus restreint, vers «le haut» de préférence, ont pour fonction d’entretenir des relations non pas professionnelles, mais de clientélisme avec un renvoi d’ascenseur sous la forme d’un cadeau de même valeur ou d’un quelconque service immérité. Le problème est que tout cela se fait avec l’argent de l’Etat et il se trouve que ceux qui abusent de cette pratique sont les premiers à tomber à bras raccourcis sur les subventions des produits de première nécessité qui permettent aux couches défavorisées de la population de tenir le coup. Un petit audit des dépenses consacrées à cette réunion peut être un bon test de la crédibilité du gouvernement dans sa volonté de donner la réponse adéquate aux premiers signes de la crise dans la perspective, espérons-le, d’une riposte plus stratégique.
K. M.
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