Un faire-valoir ?
Par Meriem Sassi – Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, souhaite que l'Académie algérienne des sciences et des technologies, qui sera installée dans les prochains jours, donne «un nouveau souffle au secteur de la recherche scientifique et du progrès technologique». En théorie, l’académie qui compte nombre de sommités scientifiques algériennes devrait être «la principale référence scientifique du pays et contribuer au développement des sciences et de leurs applications, et donner également des conseils aux autorités publiques». Des objectifs nobles que dessine d’ores et déjà le ministre, qui risque, cependant, d’être confronté à une réalité plutôt amère. Il est à craindre, en effet, que l’instance n’ait pas réellement toute la latitude de jouer un rôle réellement pesant sur l’avenir de l’université algérienne, en général, et de la recherche scientifique, en particulier. L’académie, qui a «un rôle d'expertise et de conseil, et qui est chargée d'assister le gouvernement dans le cadre de la définition et de la mise en œuvre de la politique nationale en matière des sciences et technologies», risque de servir de faire-valoir et de devenir une coquille vide, comme l’est devenu malheureusement le Conseil économique et social (Cnes) qui, depuis des années, ne produit aucune expertise critique vis-à-vis du gouvernement et ne contribue plus à pousser à la refonte de la politique économique et sociale, comme ce fut le cas sous la direction du défunt Mohamed Salah Mentouri. Celui-ci avait contribué à l’émergence d’une réelle politique d’évaluation critique des actions du gouvernement et encouragé la production d’études indépendantes de haute facture, sur les changements à entreprendre en matière de stratégie économique et sociale. Les temps ont changé et toutes les instances, qu’elles aient un pouvoir de décision ou qu’elles soient consultatives, sont marginalisées et ne servent qu’à ravaler la façade de la politique du gouvernement qui continue d’ignorer les expertises averties de nos intellectuels pétris de savoir et de patriotisme. Beaucoup sont exilés aujourd’hui et contribuent par leurs compétences à l’avancée d’autres pays, alors qu’ils donneraient cher pour faire avancer le leur.
M. S.
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