Soldats bon marché
Par Kamel Moulfi – Le roi du Maroc veut assurer la prospérité de ses maîtres du Golfe et la sienne, par transitivité, en envoyant ses sujets se faire tuer au Yémen. Et les Marocains se laissent faire ! Leurs soldats vont mettre les pieds dans le bourbier yéménite où les armées de la coalition arabe, conduites par l’Arabie Saoudite, sont déjà enlisées. C’est le résultat des discussions entre le ministre des Affaires étrangères marocain et son homologue des Emirats arabes unis, le cheikh Abdellah Ibn Zayed Al-Nahyane. Ces deux diplomates ne savent sans doute pas parler le langage de la paix quand cela concerne un «pays frère». Les mois passent depuis que le régime saoudien s’est lancé dans cette aventure et la guerre est maintenant bel et bien installée avec ses victimes nombreuses et ses destructions des deux côtés. Ce sont les populations du Yémen qui souffrent le plus du fait du déséquilibre des forces en présence et du grand écart entre les moyens matériels et financiers dont dispose chacune des deux parties en conflit. L’information rapportée par un média yéménite sur la décision prise par le Maroc de livrer à la coalition arabe de la «chair à canon» ne constitue pas une surprise. Les royaumes qui composent la coalition autour de l’Arabie Saoudite sont les alliés traditionnels du Maroc. Ils ne lésinent pas sur les cadeaux offerts au roi. On parle d’un total de 10,2 milliards de dirhams investis par les pays du Golfe – principalement les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite – au Maroc en 2014, une hausse, dit-on, de 28%. La décision marocaine est prise au moment où des voix s’élèvent pour faire taire les armes et pour appeler à lancer des négociations en vue d’une solution pacifique au conflit, ce qui épargnerait des souffrances supplémentaires aux populations de la région, et en premier lieu à celles du Yémen. La comparaison est vite faite entre le Maroc qui «exporte» des militaires pour entretenir et faire éterniser la guerre que mène l’Arabie Saoudite et ses alliés du Golfe contre le Yémen, et l’Algérie, facteur de stabilité et de paix dans sa région, l’Afrique du Nord et le Sahel, dans un contexte où tout pousse aux affrontements armés alimentés par les ingérences étrangères.
K. M.
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