Où est l’opposition ?
Par Kamel Moulfi – En petit groupe hétéroclite comme les «19-4», ou regroupée dans une Instance de concertation et de suivi de l’opposition (Icso), encore moins homogène derrière une apparence de structure cohérente, ou dans une alliance politique type CLTD, ou enfin comme anciens chefs de gouvernement, agissant à titre personnel ou au nom d’un parti nouvellement créé, l’opposition a été contrainte de voir passer à la fois la loi de finances pour 2016, qu’elle a tant décriée, et le projet de révision de la Constitution, dont elle a boycotté la consultation. En face, le pouvoir présente une unité, certes de façade, mais qui se traduit sur le terrain par le soutien unanime à tout ce que fait le Président. Sans ce soutien, la loi de finances aurait été revue avant d’être votée et le projet de révision de la Constitution aurait peut-être été obligé d’aller au référendum. Le pouvoir donne l’impression de se passer de l’opposition. Sa démarche le prouve : avant d’être adopté, mercredi par le Conseil des ministres, l'avant-projet de révision – «substantielle» dit-on, à défaut d’être «consensuelle» – de la Constitution a été, au préalable, «validé» par le chef de l’Etat au cours d'un conseil restreint, tenu l’avant-veille. A son tour, le Conseil constitutionnel, présidé par Mourad Medelci, avalisera la procédure choisie par le président Bouteflika, c'est-à-dire l’adoption facile par le Parlement (APN et Conseil de la nation réunis) dont la majorité requise est acquise d’avance à ce texte. Tout le monde en prendra connaissance à travers les médias, mais personne ne donnera son avis. Le pouvoir considère que la consultation en deux temps, d’abord avec Bensalah puis avec Ouyahia, est censée être suffisamment représentative de l’opinion de tous. Quant à la loi de finances pour 2016, elle est signée et sera promulguée au Journal officielet mise en application dans quelques jours. L’idée qu’il aurait pu y avoir une procédure de seconde lecture engagée par le président Bouteflika s’est révélée une illusion trompeuse et démobilisatrice. Pour 2016, l’opposition devra se préparer à un agenda chargé. Et le plus urgent, sans doute, sera sa reconstruction.
K. M.
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