Larmes sélectives
Par Houari Achouri – Pour le monde libre à l’américaine, il y a enfants et enfants. Barack Obama pleure les siens, les enfants américains tués par des armes de poing à Chicago, quant aux «autres», tués, en nombre indéterminé, dans les pays où le même lobby militaro-industriel a semé le chaos (Irak, Somalie, Yémen par le biais de son allié Riyad à qui il vend l’armement, Gaza…), avec les armes lourdes et les bombes fabriquées par ces mêmes lobbies qu’il dénonce, ils ne méritent pas, à ses yeux, une seule larme. Ainsi vont les sentiments des dirigeants au pays de l’Oncle Sam, à sens unique. Or, tous les enfants, quelles que soient leurs différences, ont droit à la même attention. Le petit Afghan qui va à l’école, pieds nus et déguenillé, le ventre vide, et qui sera tué par un de ces drones d’Obama, dans une frappe qualifiée de bavure, a droit aux mêmes larmes que l’élève américain qui, après avoir pris un copieux petit-déjeuner, met ses beaux habits et sort prendre le bus qui l’emmène à son école où il tombera, quelques instants plus tard, tué par un assassin qualifié de déséquilibré, comme en ce triste jour de décembre 2012 à l’école élémentaire Sandy Hook, à Newton, dans l'Etat du Connecticut, où une vingtaine d’enfants sont morts. C’est Obama, lui-même, qui le constate : les Etats-Unis sont «le seul pays qui voit ce type de violence surgir avec ce type de fréquence». Il devrait poursuivre son raisonnement et reconnaître que l’armée américaine est la seule au monde à multiplier les bavures qui tuent un peu partout des enfants. Peut-être aurait-il une larme en y pensant. Encore que peu de gens continuent à croire qu’il s’agit vraiment de bavures. En tout cas, pas l’ONG Médecins sans frontières qui a appelé par son véritable nom, crime de guerre, cette pratique courante de l’armée américaine. Seulement, c’est à Kunduz, bourgade inconnue en Afghanistan, que des enfants – mais ils étaient afghans – sont morts dans le bombardement par les avions américains de l’Otan d’un hôpital.
H. A.
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