Les couleuvres d’Ouyahia
Par M. Aït Amara – Ahmed Ouyahia ajuste son langage au fur et à mesure que le quatrième mandat tire à sa fin et que l’échéance de 2019 ou qu'une présidentielle anticipée approchent. Il est vrai que le temps passe vite et qu’il lui faut prendre le taureau par les cornes dès maintenant, s’il veut se frayer un chemin dans le couloir encombré qui mène au bureau principal d’El-Mouradia. Le secrétaire général du RND a jugé opportun de mettre son grain de sel dans le débat enflammé qui a cours entre de grands noms de la Révolution. Les cheveux poivre et sel de l’enfant gâté du système, fruit d’une liaison illicite entre le général Mohamed Betchine et la politique, pourraient suggérer une maturité qui l’autoriserait à se mêler à cette discussion entre Anciens, mais son parcours l’en radie de fait. Faut-il s’étonner que le serviteur le plus en vue de ce régime ankylosé rejoigne la chorale, lorsque c’est lui que le président Bouteflika a chargé de réciter la fable qu’il tente vainement de faire passer pour un livre saint ? L’enchaînement des parties musicales de l’ensemble vocal, sous la direction du chef de chœur, démasque une mission commandée à l’exécution de laquelle Ahmed Ouyahia s’est dévoué avec son zèle habituel. Le directeur de cabinet de la Présidence qui, pour la circonstance, a porté son déguisement de secrétaire général du RND, est sorti des rangs pour lire la suite du chapitre que Betchine, Benaouda, Amar Mellah et les fils de Belloucif et de Boudiaf ont déclamé avant lui. Il a fait le bouffon pour plaire au roi et ses obligés l’ont applaudi pour lui plaire. Qui, donc, dans ce vaudeville fondé sur l’intrigue en maîtrise les répliques mieux que le figurant rompu et rémunéré qu’il est ? De toutes les déclarations du général Khaled Nezzar, Ahmed Ouyahia n’a retenu que l’épisode de la lettre de démission du président Chadli, qui lui fait dire que s’il n’en est pas l’auteur, c’est qu’il a fatalement été victime d’un coup d’Etat. Raccourci facile de l’auteur d’un texte à qui il a été demandé au crieur Ouyahia de le réciter entre deux gorgées d’eau trouble, la gorge sèche à force de vouloir nous faire avaler des couleuvres que lui-même ne gobe pas.
M. A.-A.
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