Le prétexte chiite
Par Houari Achouri – La panique règne en Arabie Saoudite et en Turquie, principaux instruments de la guerre menée contre la Syrie. Les Al-Saoud et le clan Erdogan ont une bonne raison de ne pas dormir tranquilles : l’armée syrienne progresse dans sa lutte contre le terrorisme, encouragée et aidée par les frappes aériennes russes. C’est une nouvelle situation qui s’installe dans ce pays et elle semble irréversible. Les dirigeants turcs et la famille Al-Saoud n’ont sans doute jamais envisagé une telle évolution du rapport de forces sur le terrain de la guerre en Syrie. Incapables de revenir à la raison et de changer de politique, comme ont commencé à le faire leurs maîtres occidentaux, ils persistent dans leurs positions de soutien aux groupes terroristes. Erdogan maintient ouverts les passages réservés aux mercenaires et à l’acheminement des armes, et engage directement son pays dans le conflit à travers le bombardement des milices kurdes qui combattent de façon admirable Daech et remportent des succès incontestables dans la libération de leurs territoires de cette hydre. De leur côté, les Al-Saoud se contentent pour le moment de faire beaucoup de bruit. Immobilisée dans les «sables mouvants» de la guerre contre le Yémen, l’Arabie Saoudite annonce des manœuvres militaires au nom de code se voulant terrifiant de «Tonnerre du nord», qui associent une vingtaine de pays arabes et musulmans, qu’elle considère comme vassaux. Les Al-Saoud représentent une réelle menace pour tout le Moyen-Orient et le Maghreb. Ils veulent entraîner toute la région dans une guerre pour sauver leur règne en «inventant» un péril chiite et en semant ainsi la discorde entre musulmans. Cette manœuvre militaire gigantesque vise à jauger le degré de fidélité des Etats que les Al-Saoud «achètent» en les obligeant à leur servir de bouclier contre l'Iran en cas de guerre avec ce pays. Parmi les pays qui se joignent à l'Arabie Saoudite, il y a nos deux voisins : le Maroc et la Tunisie, à nos frontières directes, qui ne peuvent pas dire non ! Nous sommes donc pris en tenaille entre deux pays (alliés «stratégiques» de l'Otan) qui s'attaqueront à l'Algérie sans hésiter si les Al-Saoud le leur exigeaient, moyennant argent.
H. A.
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