Sagesse italienne
Par Kamel Moulfi – Ses alliés occidentaux ont eu beau tenter de lui forcer la main, le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a exclu toute intervention militaire de son pays en Libye. On a même lu que l’ambassadeur des Etats-Unis en Italie, John Phillips, s’est cru autorisé à annoncer que 5 000 militaires italiens se rendraient en Libye et il paraît aussi que les ministres de la Défense des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne –les trois pays qui ont créé le chaos en Libye – auraient compté sur l’Italie pour diriger une intervention militaire terrestre présentée comme imminente. Matteo Renzi a appelé les va-t-en-guerre qui ne connaissent que le langage des canonnières à remettre les pieds sur terre. Il s’agit de la guerre, pas d’un jeu vidéo, et en plus l’Italie n’est pas en guerre, leur a-t-il rappelé. Il a fait une allusion évidente à Sarkozy en désignant les responsables français qui ont décidé d’intervenir militairement en Libye «sans penser à la suite», alors que de nombreuses mises en garde les appelaient à y songer, à travers notamment l’avertissement de Silvio Berlusconi, au pouvoir à ce moment. L'Italie adopte la voie de la sagesse, car, comme le soulignent les responsables de la diplomatie algérienne, «ce genre d'intervention entraînera une situation de destructions et de chaos dont on peut se passer». L’Italie contribue, autrement que par la guerre, à aider la Libye à se relever, elle n’enverra pas de soldats, mais a alloué un début d'aide humanitaire à ce pays s'élevant à 1,4 million d'euros. Ce n’est pas négligeable si l’on a en vue la création des conditions d’une solution politique pacifique, qui est la seule issue raisonnable. C’est tout à l’honneur des traditions italiennes dans les relations internationales. Il y a un fait que nous, Algériens, ne pouvons oublier : durant la décennie 1990 marquée par le terrorisme, les Italiens n'ont jamais coupé les ponts avec notre pays pendant que les dirigeants français non seulement boycottaient l'Algérie, mais imposaient un embargo sur les armes pour permettre aux groupes terroristes de détruire le pays dans l'espoir de «revenir» en conquérants.
K. M.
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