Le règne du factice
Par Kamel Moulfi – Dans le vide politique qui se creuse en Algérie, la distraction du jour semble être cette confrontation à distance entre une opposition qui se transforme petit à petit en une réunion d'aigris et d'opposants stagiaires (Salim Salhi d'Al-Magharibia, Khadidja Benguenna d'Al-Jazeera, Larbi Zitout de Rachad, etc.) et une alliance pro-Bouteflika amputée d'un bras, le RND ! Tout ceci sur fond de désintérêt total des citoyens qui, quand ils ne regardent pas ailleurs, tentent de savoir où leur pays met les pieds au milieu de tant d’incertitudes et face à plein de dangers qui les guettent. Ce soir, les images de la télévision publique montreront certainement «la foule» au meeting de la coupole du 5-Juillet dans un show orchestré par Amar Saïdani, au nom du FLN, pour démentir le désintérêt de la population et faire croire qu’elle soutient le Président. Depuis longtemps, cette pratique du ramassage et de l’acheminement des gens par cars entiers vers une manifestation préfabriquée a montré qu’elle ne prouve pas grand-chose et qu’il est hasardeux de s’illusionner sur sa signification. Mais les habitudes ont la peau dure. Il n’y a jamais eu rien de plus facile, pour le pouvoir en place, que de mobiliser très largement non pas sur la base de convictions politiques plus ou moins solides et une argumentation sérieuse, mais à travers les réseaux clientélistes et à partir de motivations «bassement matérielles» aiguisées par de fausses promesses. Il sortira sans doute du discours de Saïdani un épais brouillard de fumée destiné à voiler les enjeux réels. Inspiré par l’adage qui dit que la meilleure façon de se défendre est d’attaquer, et qui l’a si bien servi, on l’a vu, l’actuel chef du FLN portera le débat sur les questions qui provoquent et qui fâchent y compris les alliés du Président dont il se proclame pourtant un fervent partisan. Ce jeu est rendu aisé par la faiblesse de l’opposition, dont une partie constituée d’anciens du pouvoir, c'est-à-dire des «produits du système», essaie de se regrouper sous le générique de Mazafran en attendant de le faire autour d’une vraie alternative à proposer.
K. M.
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