Le pourrissement
Par Kamel Moulfi – Les observateurs sont unanimes : le conflit qui oppose la ministre de l’Education aux enseignants contractuels s’installe dans le pourrissement à un mois de la période des examens de fin d’année. Nouria Benghebrit campe dans une intransigeance incompréhensible, face aux contractuels qui maintiennent leur revendication, considérée comme légitime dans la corporation. Par enchantement, du côté des pouvoirs publics, la «souplesse» qui s’est imposée presque partout, jusqu’à prendre la forme du laxisme, dans le règlement des litiges impliquant l’Etat, laisse subitement la place à «la rigueur de la loi» quand il s’agit d’empêcher une catégorie d’enseignants de bénéficier de la stabilité dans l’emploi qu’ils ont choisi. Le système des «dérogations», habituellement appliqué avec générosité, est banni dans ce cas et la notion de transition prend le sens de rupture brutale dans un secteur stratégique et, de surcroît, dans un contexte national particulièrement fragile. Est-ce que la titularisation des enseignants contractuels représente un enjeu tellement vital aux yeux de l’administration au point qu’elle prenne le risque de compromettre le bon déroulement des examens ? Qu’est-ce qui empêche réellement, en dehors du prétexte bureaucratique et fallacieux du statut de la Fonction publique, que les enseignants contractuels soient permanisés ? N’y a-t-il pas d’autres problèmes à résoudre et qui nécessitent la plus grande fermeté, comme la violence en milieu scolaire, par exemple ? Aujourd’hui, 14 avril, c’est la date de clôture du dépôt des dossiers d’inscription au concours pour le recrutement des enseignants. On sait que l’appel de Nouria Benghebrit aux contractuels pour «tenter leur chance» par ce biais a été rejeté par les enseignants concernés. Le conflit est entré assurément dans une nouvelle phase et personne ne sait où il va déboucher. Les syndicats des enseignants sont décidés à ne pas laisser tomber leurs collègues en grève. Il reste à savoir comment va agir ce réflexe de solidarité dans la corporation.
K. M.
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