Ils ne s’appellent pas Khelil
Par R. Mahmoudi – La brutalité avec laquelle les autorités sont intervenues, hier, pour mettre fin au mouvement de contestation, radical mais pacifique, des enseignants contractuels à Boudouaou contraste avec l’extrême indulgence avec laquelle sont traitées les affaires de corruption – le cas de Chakib Khelil qui hante aujourd’hui les esprits – et autres dérapages politiques commis par des hommes du pouvoir ou des islamistes extrémistes – exemples des hérésies d’Amar Saïdani et de Madani Mezrag. C’est avec ce sentiment d’injustice et de hogra (déni de droit) que les grévistes sont rentrés chez eux, après avoir résisté pendant plus de vingt jours. Cela restera dans les annales : tous les membres du gouvernement, à leur tête le Premier ministre, se sont ligués contre une centaine d’enseignants qui estimaient avoir épuisé tous les recours avant d’en arriver là. Le plus dramatique dans l’histoire est qu’il n’y avait, en effet, aucune force d’arbitrage pour résoudre un problème ayant pris des propensions aussi importantes. Le chef de l’Etat aurait pu intervenir. Mais il ne l’a pas fait. Il l’avait fait à l’époque d’Aboubakr Benbouzid, pour permettre, sur un simple ordre verbal, le passage des élèves du cycle moyen à la première année de lycée sans tenir compte des instructions du ministère de l’Education. Le Président a pourtant été interpellé à travers plusieurs lettres ouvertes des syndicats qui soutiennent l’action des enseignants contractuels, le priant d’intervenir en leur faveur. A-t-il lu ces appels de détresse ? Est-il au courant de tout ce qui se passe ? La question peut paraître pernicieuse, à l’heure où, depuis ce fameux tweet de Manuel Valls, on cloue au pilori quiconque émettrait des doutes sur la capacité de Bouteflika à assurer ses fonctions officielles. Quoi qu’il en soit, son absence dans cette affaire de la grève des enseignants, comme d’ailleurs sur d’autres événements, a montré les limites de son Exécutif et mis à nu une gestion aléatoire et de plus en plus autoritaire des affaires publiques. Jusqu’à quand cela va-t-il durer ?
R. M.
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