Fin d’alerte ?
Par Kamel Moulfi – Tout s'est bien passé hier. Pas la moindre égratignure ni même de grabuge au cours des marches de commémoration du Printemps amazigh qui ont eu lieu à Tizi Ouzou et Béjaïa. Pas de répression, du côté du pouvoir, pas de casse du côté des manifestants. L’heure était à la vigilance de part et d’autre pour «déjouer toute provocation». Les éléments «perturbateurs» ont pu être neutralisés, dans le camp des manifestants, et le pouvoir a exclu le recours à la force brutale pour réprimer les marcheurs qui ont été totalement libres dans leur mouvement. C’est un bon signe pour le pays. Il faut s’en féliciter. C’est la victoire des Algériens, principalement dans cette région, et c’est, évidemment, l’échec cuisant pour ceux qui misaient sur une grande dérive qui aurait alimenté leurs agissements pendant des mois et des mois. Le contexte actuel n’autorisait aucune forme de dérapage, encore moins du genre de ceux qui se sont produits en avril 1980 et le même mois en 2001. Faut-il s’inquiéter de voir autant de monde mordre à l’hameçon de la revendication d’«indépendance» lancée par le MAK qui avait, collé à ses basques, un RCD soucieux de garder sa base dont une partie pourrait être séduite par le radicalisme des «séparatistes». Il faut bien comprendre que la revendication du MAK sert plus à cristalliser l’extrémisme chez les franges de la population qui sont exaspérées par le comportement du pouvoir, qu’à mobiliser sérieusement autour d’une «cause» qui n’a pas de fondement réel et dont il est notoire qu’elle a été créée artificiellement comme moyen de déstabilisation du pays et qu’elle est soutenue par les ennemis de l’Algérie. Tout le monde sait que le sentiment de révolte contre le pouvoir est devenu une «constante» en Kabylie et qu’il s’exprime périodiquement par le boycott des élections. Mais on sait aussi que, depuis quelques années, le pouvoir a riposté en installant des partis politiques et des associations qui lui sont favorables et a veillé à ce qu’il y ait en permanence la présence dans le gouvernement de ministres qui ont fait leurs premiers pas en politique en Kabylie au sein de mouvements de contestation et d’opposition. Un autre palier a été franchi avec la prise en charge officielle, cette année, de la commémoration de l’anniversaire du Printemps berbère comme l’indique bien sa couverture par les médias lourds publics et la participation de personnalités politiques du pouvoir à certaines activités liées à cet événement. Auparavant, la revendication à caractère identitaire et culturel a été banalisée en la traduisant dans la Constitution. Faut-il actionner la sirène de fin d’alerte ? Une chose est sûre : ce 20 avril a montré qu’il est facile de désamorcer l’action aventuriste du MAK, sans recourir aux menaces ou à la répression, mais, intelligemment, par une démarche sereine qui s’appuie sur la confiance dans la population et sur sa mobilisation.
K. M.
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