Quelle surprise !
Par R. Mahmoudi – Est-ce une surprise qu’Ahmed Ouyahia soit «élu» secrétaire général du RND «à une écrasante majorité» des voix ? L’ex-porte-parole de ce parti, l’omniprésent Miloud Chorfi, a jugé important de préciser que, pour la première fois dans la vie du RND, l’élection du secrétaire général «se fait par la voie des urnes à bulletins secrets». Cela prouve-t-il que ce scrutin était régulier et sans tâche ? Toutes les élections qui ont eu lieu dans le pays, et dont certaines ont été organisées par Ahmed Ouyahia lui-même, se sont déroulées à bulletins secrets. Mais aucune n’est propre ! Tout le monde sait comment ce plébiscite, car c’en est un, a été préparé et de quelle façon les frondeurs ont été écartés de la piste. C’est la même méthode héritée du FLN et adoptée par la quasi-totalité de nos formations politiques, où tout se joue dans les coulisses et par des magouilles en tous genres, qui n’exclut pas, parfois, le recours à la barbouzerie, comme c’est périodiquement le cas au sein de l’ex-parti unique. Maintenant, quelle lecture politique faire de ce plébiscite dans le contexte politique actuel, marqué par une course haletante vers le palais d’El-Mouradia ? Ouyahia peut-il faire de cette consécration un tremplin pour se poser lui-même comme futur candidat ? Cela va-t-il servir à rééquilibrer les rapports des forces au sein du sérail et mettre fin à une situation où son frère ennemi, Amar Saïdani, s’est imposé jusqu’ici comme l’unique porte-voix de la Présidence ? Le message de félicitations que lui a adressé le chef de l’Etat, un cas unique dans les annales de la vie politique nationale, va dans ce sens. Cela rappelle le message au même contenu, adressé par le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd-Salah, à Amar Saïdani, à l’occasion de son élection à la tête du FLN, et qui avait suscité une certaine frustration chez d’autres partis politiques. Vu sous cet angle, le geste de Bouteflika porte une volonté d’adouber le patron du RND qui n’est autre que son directeur de cabinet, mais peut cacher d’autres calculs, dont celui qui consiste à montrer à l’opinion publique – nationale et internationale – un président au diapason du débat politique dans son pays et hautement sensible à tout ce qui a trait à sa succession, malgré sa condition actuelle et tout ce qu’on en dit.
R. M.
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