Le «bouc» français
Par Rabah Toubal – Tour à tour, Ahmed Ouyahia, Abdelkader Bensalah, Larbi Ould Khelifa, Amar Saïdani, Amar Ghoul et d'autres serviteurs zélés du pouvoir sont tombés à bras raccourcis sur la France, pour crime de lèse-président, à cause de deux effroyables photos de ce dernier publiées l'une par un journal et l'autre par Manuel Valls, et de l'ingérence d'officiels français dans les affaires intérieures algériennes, de manière générale. En parallèle, lors de son périple dans certaines zaouïas à la solde du pouvoir, pour se donner une nouvelle virginité morale qu'il a perdue depuis longtemps, Chakib Khelil a ouvertement accusé la partie française de ne chercher qu'à vendre ses produits finis à la partie algérienne. Il reproche aux Français de n’avoir aucune volonté de transférer la technologie ou de consentir des investissements importants et les accuse d'être derrière les révélations concernant les dizaines de millions de dollars qui ont été versés dans des comptes appartenant à son épouse, qui a également acheté de nombreux appartements aux Etats-Unis et en Suisse, notamment. Pour occulter son incapacité à mobiliser le peuple algérien autour de projets politiques, économiques et sociaux viables et afin d'atténuer son isolement grandissant sur le plan interne et l'effondrement de sa crédibilité sur le plan externe, à cause de sa dérive dictatoriale inquiétante, le pouvoir pense avoir trouvé en l'ancienne puissance coloniale, à qui il n'a cessé d'octroyer des concessions majeures dans pratiquement tous les domaines depuis 1999, un «bouc» idéal pour redorer son blason bien terne. La France, en crise économique et sociale durable, acceptera-telle de jouer ce rôle de souffre-douleur d'un régime aux abois, en contrepartie de bribes de contrats, de plus en plus minces et aléatoires ? En tout état de cause, tous les moyens, procédés et stratagèmes sont bons pour se maintenir au pouvoir et continuer à détruire massivement les ressources humaines du pays, à brader et à piller ses ressources naturelles non renouvelables et à dilapider tous azimuts ses ressources financières considérables, compromettant ainsi irréversiblement ses chances de redressement et encore moins de développement. Qui va arrêter ces aventuriers qui pratiquent une fuite en avant suicidaire qui fourvoie notre pays dans une impasse dangereuse, au lieu de demander pardon au peuple algérien qu'ils n'ont cessé d'humilier, d'insulter et de menacer de toutes sortes de représailles depuis 1999, et de se faire oublier pour le restant de leur vie ?
R. T.
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