Le pouvoir navigue entre les écueils
Par Kamel Moulfi – Le système de retraite reste intact, l’augmentation des tarifs de l’électricité est évitée, les autorités locales participeront officiellement aux activités du 18e anniversaire de la disparition de Matoub Lounès, assassiné le 28 juin 1998. Voilà un échantillon des toutes récentes annonces, rassurantes et de conciliation, faites par le pouvoir et qui sont en contradiction avec ses pratiques habituelles consistant à imposer ce qu’il a décidé et, dans tous les cas, à montrer qu’il ne cède pas à la pression de la rue. Un avant-goût de cette démarche a été donné à travers l’acceptation par le ministère de l’Education de la revendication des enseignants et parents de candidats au bac, de refaire l’examen dans les filières et les matières touchées par le scandale des fuites massives qui ont entaché cette session de juin 2016. Le pouvoir navigue entre les écueils et ne veut pas produire les vagues qui créent la tempête sociale. Le mois de Ramadhan, dominé par la léthargie, sera suivi immédiatement par la période estivale, celle du farniente, ce qui offre, jusqu’à la rentrée, un répit au gouvernement confronté à ce qu’il a toujours nié : la crise. Le prix du pétrole en jouant au yoyo maintient encore une certaine illusion sur la possibilité de limiter les dégâts, mais cet espoir se fait de plus en plus ténu. Le tapage médiatique n’arrange pas les choses en assombrissant la situation actuelle et en noircissant encore plus les perspectives dans le but de préparer la population – et en particulier ses couches défavorisées – aux mesures impopulaires qui la conduiront à réduire son mode de vie. Mais cette tactique comporte le danger de provoquer l’explosion sociale. Toute l’attention du gouvernement est donc portée sur les moyens de désamorcer la fronde qui donne ses premiers signaux d’alerte. Pour le pouvoir, il n’est pas question de perturber la fragile paix sociale, et encore moins par le discours officiel. La prudence doit être de mise, tel semble être la consignée donnée au gouvernement.
K. M.
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