France : dérive ultranationaliste
Par R. Mahmoudi – Dans sa première grande sortie depuis l’annonce de sa candidature à la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy a voulu surpasser tous les discours d’extrême-droite habituels sur l’immigration, l’intégration, la place de l’islam en France. Il s’est surpassé lui-même, en promettant d’être le président de «la communauté française» contre «la tyrannie des minorités», comprendre la minorité musulmane. Des concepts que même Jean-Marie Le Pen, en son temps, n’aurait pas osé prononcer en public. Implicitement, il attribue le terrorisme et sa matrice djihadiste à toute une communauté qu’il voudrait, du reste, «assimiler» de force. Electoralement, ce ton martial lui réussit toujours. Souvenons-nous de son fameux et sinistre «on va nettoyer au Karcher !» en 2005, en pleines émeutes dans les banlieues.
Malheureusement, Sarkozy n’est pas seul dans cette dérive dangereuse. Surfant sur l’angoisse, légitime des Français face à la montée de la violence terroriste dans leur pays, la plupart des candidats à la prochaine élection présidentielle, qu’ils soient de gauche comme de droite, ont repris, à l’occasion, des slogans populistes avec des accents nationalistes et xénophobes à peine voilés. L’affaire du burkini a tout dévoilé. Dans leur machiavélisme débridé, certains politiques français ne s’encombrent d’aucun scrupule pour préserver ou reconquérir leur pouvoir.
Au lieu, donc, d’approfondir les recherches de solutions à une crise dont les musulmans de France sont les premières victimes, les dirigeants politiques ont préféré céder au chant de sirènes, en souhaitant aujourd’hui ostraciser davantage les enfants de cette «minorité», au risque d’en faire des bombes à retardement. Autrement dit, de grossir les rangs des adeptes de Daech.
R. M.
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