Les ministres en pompiers
Par Kamel Moulfi – Dans le climat social tendu que traverse l’Algérie en ce moment, on s’attendait à voir monter au créneau Abdelmadjid Sidi-Saïd dont les aptitudes à éteindre l’incendie dès les premières flammes sont connues, mais c’est un autre Abdelmadjid Tebboune, ministre de l’Habitat qui s’est présenté pour agir comme pare-feu. Lui aussi est réputé pour «calmer le jeu». Sa recette est une combinaison de chiffres sur fond de promesses que ceux qui attendent un logement l’auront.
Cette méthode serait efficace pour «ramener la sérénité chez les citoyens», cela semble être la conviction du gouvernement. Mais en temps de crise financière, et avec les mauvaises nouvelles à propos du gel de projets, y compris, dit-on, concernant des établissements éducatifs dans les zones plus ou moins déshéritées, le doute surgit forcément.
D’où le rôle assigné au ministre de l’Habitat pour «rassurer» et agir indirectement sur les sources de la fronde qui sont ailleurs, particulièrement dans les secteurs qui touchent également le grand public comme les transports et l’éducation ou la santé. La nature des revendications, à la fois sociales (retraite anticipée et pouvoir d’achat) et démocratiques (participation des syndicats à l’élaboration du Code du travail), et la sourde oreille que leur oppose le gouvernement, présagent de conflits difficiles à résoudre par la conciliation. Les ministres sont donc sollicités pour «gagner du temps» et tenter la démobilisation des travailleurs, avec n’importe quel argument ou au moyen de la diversion.
Mais la grève surprise des travailleurs du tramway d’Alger qui a eu un fort impact a sans doute donné à réfléchir au gouvernement. Tout ceci alors qu’une pré-campagne électorale des législatives 2017, qui ne dit pas son nom, est pratiquement lancée et annonce la couleur, repoussante, que prendra la course aux sièges de députés.
Les déclarations, encore une fois provocatrices, de Amar Saïdani qui pense que la meilleure défense c’est l’attaque, alors que pour lui les jeux sont faits (voir article d’Algeriepatriotique), sont un indicateur du ton que prendra la vie politique dans un contexte électoral qui s’installe pour durer jusqu’à l’échéance présidentielle d’avril 2019.
K. M.
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