L’escalade syndicale annoncée
Par Kamel Moulfi – Le spectacle désolant offert dans la rue, en matière de civisme, particulièrement chez les jeunes, est le résultat de la situation de l’école algérienne sinistrée depuis de longues années. On le savait, empiriquement ; maintenant, c’est une certitude fondée sur les données têtues que fournissent les chiffres qui ont été analysés par des spécialistes. Le constat de la faiblesse de rendement de l’école a été rendu public sur fond de grève hebdomadaire de deux jours, reconductibles, que les enseignants ont commencé à observer lundi et mardi derniers, pour des revendications qui ont un rapport très lointain avec les considérations pédagogiques.
Des commentaires alarmistes sur les résultats médiocres des examens ont été livrés par un haut fonctionnaire de l’éducation nationale, destinés visiblement à effrayer les parents d’élèves sur le sort qui attend leurs enfants dans un système éducatif qui fabrique l’échec et qu’il faut en urgence réformer. Mais ce sont les échos du débrayage des enseignants qui ont semé une sorte de panique sur ce que va être cette année scolaire. Le suivi de la grève lancée dans les secteurs de l’éducation, en même temps que dans les secteurs de la santé et de l’administration publique, est monté crescendo le deuxième jour et présage d’un taux plus élevé la semaine prochaine.
Qui ne dit mot consent : le silence de l’UGTA et de son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi-Saïd, ne peut être perçu que comme une forme d’adhésion implicite au mouvement syndical autonome qui s’en tient à sa mission principale consistant à défendre les intérêts des travailleurs et qui a prouvé qu’il est représentatif dans le secteur de la Fonction publique, pourtant réputé difficile du fait de la vulnérabilité des syndicalistes aux pressions exercées par les administrations à travers les interdictions d’activités et les sanctions professionnelles arbitraires.
Le risque que le mouvement fasse boule de neige dès lundi prochain est renforcé par les nombreux problèmes soulevés par les mesures que le gouvernement envisage face à la crise financière. Il est encore temps pour éviter l’escalade.
K. M.
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