Pourquoi Mokri se justifie-t-il ?
Par Kamel Moulfi – Les partis islamistes – Ennahda, El-Islah et le Mouvement de la société pour la paix (MSP) – ont annoncé leur intention de participer aux élections législatives qui auront lieu en 2017. Qu’y a-t-il d’extraordinaire dans cette information ? C’est dans leurs habitudes ; «normal», comme on dit. Mais, alors, pourquoi Abderrezak Mokri, président du MSP, se sent-il obligé de se «justifier» en s’appuyant sur des exemples étrangers (islamistes turcs, Frères musulmans égyptiens, etc.) ?
Dans un de ses nombreux messages explicatifs, publiés sur sa page Facebook, Mokri a omis de citer son propre exemple dans ce qu’il appelle une «sunna», c’est-à-dire son assiduité dans les consultations électorales qui lui a permis d’occuper en 1997 et 2007 un siège de député à l’Assemblée nationale populaire (APN), d’en être même le vice-président tout en étant également le chef du groupe parlementaire de son parti et, à l’international – ce n’est pas négligeable comme poste de rente – il était vice-président du Conseil de l’union des Parlements des Etats membres à l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et membre fondateur du Forum mondial des députés islamiques.
Il faut admettre qu’il a été largement récompensé pour la caution qu’il a apportée à un processus électoral qu’il juge aujourd’hui frauduleux sur toute la ligne. Son exemple parfait d’opportuniste suffit à comprendre que la surenchère puisse se manifester au sein du MSP à la veille de la prochaine distribution de postes de députés et des avantages qui vont avec, puisque c’est ainsi que Mokri envisage cette élection. D’où la fronde qui a éclaté lors des débats de la session extraordinaire du Conseil consultatif du parti qui s’est tenue à Alger les 4 et 5 octobre dernier, consacrée à la participation du MSP aux élections législatives.
Faute d’arguments sérieux pour convaincre ses adversaires de la justesse de cette tactique de l’entrisme dans un système qu’il combat en paroles, Mokri a préféré botter en touche et aller chercher l’explication loin, dans des cas difficiles à vérifier par le simple militant. C’est l’art de la politique chez les islamistes.
K. M.
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